Les avocats du théologien suisse Tariq Ramadan, inculpé en France pour viols, réclament la saisine de l’Inspection générale de la justice (IGJ), estimant que l’enquête préliminaire a été émaillée de problèmes de procédure ayant porté préjudice à leur client.
L’islamologue, qui nie les faits dont il est accusé, a été incarcéré vendredi, après avoir été inculpé à la suite des plaintes de deux femmes, dont la militante féministe et ex-salafiste Henda Ayari.
Dans une lettre adressée à la ministre française de la Justice Nicole Belloubet et dont l’AFP a eu connaissance, les conseils du théologien musulman demandent que soit saisie l’Inspection générale de la justice (IGJ), organe de contrôle de l’administration judiciaire, avançant deux éléments.
D’abord, une note transmise aux autorités judiciaires de Paris le 6 décembre et qui fait état de l’agenda de M. Ramadan le 9 octobre 2009, date à laquelle une des deux femmes, désignée sous le pseudonyme de Christelle, l’accuse de l’avoir violée dans un hôtel à Lyon (est).
“Cette note démontre qu’il est impossible que les faits dénoncés par la plaignante aient été commis, comme elle le prétend, le 9 octobre 2009 dans l’après-midi à l’hôtel Hilton de Lyon puisque Monsieur Ramadan est arrivé à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry le 9 octobre 2009 à 18H35” (17h35 GMT), écrivent les avocats dans ce courrier.
Cette note fait état d’une réservation de billet d’avion, a-t-on appris de source proche du dossier. Versée au dossier, elle a été transmise aux enquêteurs le 1er février, soit au second jour de la garde à vue de Tariq Ramadan.
“Il est incompréhensible que cette note n’ait pas été communiquée préalablement aux enquêteurs, comme l’ont été toutes les autres notes que nous avons déposées depuis le mois d’octobre” alors qu’elle contient “des éléments à décharge très importants” pour leur client, écrivent-ils à Mme Belloubet.
C’est pourquoi ils souhaitent que l’IGJ mène une enquête administrative pour “savoir qui a dissimulé cette note pendant près de deux mois”.
Les avocats s’étonnent de plus que les enquêteurs n’aient pas cherché à identifier le juge cité par l’essayiste Caroline Fourest, opposante de longue date de M. Ramadan, qu’elle dit avoir mis en contact avec “Christelle” en novembre 2009.
Soupçonnant ce magistrat d’être en poste à Paris, ils s’inquiètent “qu’il travaille sur le dossier de Monsieur Ramadan, qu’il soit amené à le faire ou a minima qu’il soit en contact avec des magistrats travaillant sur ce dossier”.