Le Maroc et les États-Unis organisent les traditionnelles manœuvres militaires African Lion. Cette édition 2023 a une double particularité : l’armée israélienne y prendra part activement pour la première fois et une partie des exercices se déroulera sur les territoires occupés du Sahara occidental.
Le lancement des manœuvres a été annoncé lundi 5 juin par l’armée marocaine au cours d’une cérémonie organisée à Agadir, en présence des représentants des pays participants, une vingtaine. L’exercice est organisé chaque année depuis 2007 en présence de soldats ou d’observateurs de pays européens et africains.
En 2022, des officiers de l’armée israélienne avaient été invités pour la première fois en tant qu’observateurs. Un autre pas est franchi cette année avec la participation “active” de militaires de l’Etat hébreu. Selon la chaîne israélienne I24 News, qui cite un communiqué de l’armée israélienne, 12 soldats et officiers du bataillon de reconnaissance Golani se sont envolés dimanche 4 juin en direction du Maroc pour prendre part, “activement pour la première fois” aux manœuvres African Lion 2023.
Le bataillon israélien, spécialisé dans la guerre souterraine, effectuera des exercices qui combinent la guerre d’infanterie urbaine et la guerre souterraine, puis participera à un entraînement commun avec les autres armées participantes, ajoute la même source.
Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations en 2020 et ont depuis franchi plusieurs étapes dans leur coopération militaire. En novembre 2021, les deux pays ont signé un protocole de coopération en matière de défense et de renseignement.
Les manœuvres African Lion au Sahara occidental et en présence d’Israël
La présence d’officiers israéliens en tant qu’observateurs aux exercices de 2022 avait été très critiquée. Mais le Maroc persévère dans la provocation et la stratégie de la tension permanente avec l’Algérie, en invitant l’armée israélienne à prendre part “activement” aux manœuvres African Lion.
L’Algérie perçoit le rapprochement entre le Maroc et Israël comme une menace pour sa sécurité. En août 2021, Yair Lapid, alors ministre des Affaires étrangères d’Israël, avait choisi le territoire marocain pour lancer des menaces indirectes à l’adresse de l’Algérie, en soulignant le prétendu rapprochement de cette dernière avec l’Iran.
L’autre provocation du Maroc à l’occasion des manœuvres African Lion 2023, c’est la programmation d’une partie des exercices Mahbes, dans les territoires sahraouis occupés. Selon l’armée marocaine, les exercices de cette année auront lieu au centre du pays dans les régions d’Agadir, Tiznit et Tifnit, au nord, près de Kénitra et Ben Guerir, à Tan-Tan dans le sud et à Mahbas, au Sahara occidental.
Les États-Unis, alors dirigés par Donald Trump, avaient reconnu la “souveraineté” marocaine sur le Sahara occidental à l’automne 2020, en contrepartie de la conclusion des accords de normalisation avec Israël.
Mais le successeur de Trump, le président Joe Biden, même s’il n’a pas dénoncé la décision de son prédécesseur, ne l’a pas totalement assumée, adoptant une politique plus équilibrée vis-à-vis du dossier du Sahara occidental. En 2022, il avait mis son véto à l’organisation d’une partie des exercices African Lion au large du Sahara occidental. Que fera-t-il cette fois ?