Quelque chose est en train de changer profondément dans la perception de la question palestinienne par la communauté internationale. Israël est de plus en plus mis au ban à cause de la guerre sanglante qu’elle mène aux Palestiniens de Gaza depuis le 7 octobre dernier.
En Afrique, les plans de l’État hébreu et de son allié marocain tombent à l’eau presque irréversiblement.
Après le monde musulman, c’est désormais tout le Sud global qui accuse Israël de génocide dans la bande de Gaza où les bombardements indiscriminés de son armée ont fait en un peu plus de quatre mois plus de 29.000 morts, dont 12 000 enfants.
Au sommet de l’Union africaine, auquel il est invité, le président brésilien Lula Da Silva a usé lundi de mots très forts pour décrire ce qui se passe dans l’enclave palestinienne.
« Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide », a-t-il tranché. Le président brésilien a ensuite dit une vérité sur ce conflit. « Ce n’est pas une guerre entre des soldats, mais une guerre entre une armée suréquipée et des femmes et des enfants », a accusé le président de gauche, qui a aussi comparé ce que font les Israéliens en Palestine à ce qu’a fait Hitler lorsqu’il a « décidé de tuer les juifs ».
De nombreux dirigeants de la planète ainsi que des observateurs n’hésitent plus à parler de génocide et à faire le parallèle avec celui subi par les juifs pendant la seconde Guerre mondiale.
Le 26 janvier, la Cour internationale de justice (CIJ), saisie par l’Afrique du Sud, a ordonné à Israël de mettre en œuvre des mesures à même d’empêcher le génocide des Palestiniens de Gaza. Une injonction ignorée pour le moment par le gouvernement de Tel-Aviv.
Outre les gouvernements, les sociétés civiles aussi se mobilisent partout dans le monde pour le peuple palestinien et passent aux actions concrètes. En Inde, un syndicat de dockers a refusé de charger les armes et équipements militaires destinés à Israël.
Israël – Maroc : des décennies d’efforts en Afrique partent en fumée
En dépit du refus d’Israël d’entendre leurs appels à un cessez-le-feu ou à une trêve humanitaire, certains gouvernements occidentaux n’envisagent pas de suspendre ou même de réduire leurs fournitures d’armes à l’armée israélienne.
« Si vous pensez que trop de gens sont tués, peut-être que vous devriez fournir moins d’armes pour éviter qu’autant de gens soient tués », a indiqué la semaine passée à l’adresse des soutiens inconditionnels d’Israël le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell.
En Afrique, c’est presque l’unanimité contre Israël. Le sommet des chefs d’État de l’Union africaine, qui s’est tenu ce dimanche 18 février à Addis-Abeba, a tourné au procès du gouvernement israélien et des crimes de son armée à Gaza.
Lors des réunions préparatoires des ministres des Affaires étrangères, une délégation israélienne qui voulait assister aux travaux a été empêchée d’accéder à la salle et éconduite.
Dans leur déclaration finale, les chefs d’État du continent ont retenu une série de griefs contre Israël, exigeant la levée du blocus contre la bande de Gaza, condamnant le recours excessif à la force contre la population de l’enclave et dénonçant les tentatives de sa déportation.
Les dirigeants africains ont en outre appelé à respecter le dernier verdict de la CIJ et réclamé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur la violation du droit humanitaire, l’emploi d’armes interdites et les agressions contre les hôpitaux et les médias.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a de son côté dénoncé des « attaques sans précédent dans l’histoire de l’humanité » et accusé Israël d’ « exterminer » la population de Gaza.
Une telle mise au pilori, venant de celui qui a octroyé de sa propre initiative le statut de membre observateur à Israël en 2021 avant que le sommet de 2023 ne gèle la décision, démontre à quel point l’État hébreu perd ses soutiens qu’il a mis des décennies pour conquérir sur le continent.
Ces dernières décennies, Israël a beaucoup investi, notamment sous l’impulsion de Benyamin Netanyahou, pour normaliser ses relations avec le maximum de pays africains dans l’objectif d’inverser la tendance des votes dans les instances internationales.
Ces dernières années, il a été beaucoup aidé par son allié marocain qui, lui, espère imposer son fait accompli au Sahara occidental occupé.
Pour résumer, Israël comptait sur le Maroc pour lui ouvrir de nouvelles portes en Afrique et le royaume misait sur son nouvel allié israélien pour obtenir de nouveaux soutiens, notamment en Occident, pour acter l’occupation illégale du Sahara occidental.
Avec ce retournement de l’Afrique, ce sont les plans des deux États occupants qui tombent à l’eau. Pour Israël, les portes de l’Afrique se sont refermées, sans doute pour très longtemps.