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Agriculture saharienne : l’Algérie impose de nouvelles conditions

Agriculture saharienne : l’Algérie impose de nouvelles conditions

Par oticki / Adobe Stock
Un terrain d'agriculture.

Les investisseurs bénéficiaires de concessions agricoles dans le Sahara algérien devront présenter pour les trois prochaines années leur plan de culture.

Avec cette mesure, l’Algérie ambitionne d’augmenter sa production agricole dans les filières stratégiques alors que certains investisseurs sont tentés par des cultures jugées plus rémunératrices.

Cette décision a été prise au moment où l’Algérie vient de valider deux grands investissements agricoles dans le Sahara : la création d’une ferme géante avec le qatari Baladna pour produire du lait en poudre dans la région d’Adrar et un projet intégré dans la production de blé avec le groupe italien Bonifiche Ferraresi (BF) à Timimoun.

Cette mesure a été annoncée par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa samedi 20 juillet, lors d’une rencontre avec « les opérateurs publics et les bénéficiaires des grands périmètres dans les wilayas du Sud », note l’agence APS.

C’est en présence des directeurs des services agricoles des wilayas du Sud, du représentant national de l’Union des agronomes algériens (UNA), et des cadres du secteur, qu’ont été élaborés les « plans agricoles pour chaque zone pour les trois prochaines saisons », souligne la même source.

À l’avenir, chaque opérateur devrait s’engager « sous forme de contrats de performance, spécifiant les surfaces allouées à chaque culture ainsi que le rendement attendu par hectare. »

Agriculture saharienne : des plans de culture triennaux obligatoires

La mise en œuvre de ces plans de culture devrait débuter dès ce mois de juillet et concerne les céréales, les oléagineux, les légumineuses et le maïs. Ce sont les cultures stratégiques que l’Algérie a décidé de développer pour réduire sa dépendance aux importations et assurer sa sécurité alimentaire.

En effet, le maïs grain est semé dès juillet et est donc concerné en premier chef. Cette culture a fait l’objet d’une décision lors d’un Conseil des ministres à la mi-juillet. Il a ainsi été décidé d’accorder la priorité à la production de maïs grain aux dépens du maïs ensilage.

L’Algérie importe annuellement 4,5 millions de tonnes de maïs grain pour une valeur de 900 millions de dollars et le destine principalement à l’aviculture. Un secteur qui permet la production de viande blanche, un produit plus accessible que la viande d’agneaux ou de bœuf, en Algérie.

Traditionnellement, dans le Sahara algérien, les superficies en maïs ensilage sont nettement supérieures à celles en maïs grain. Le prix de vente des balles rondes d’ensilage est libre tandis que le prix du quintal de maïs acheté par l’Office National des Aliments du Bétail (ONAB) est réglementé et fixé à 5.000 DA le quintal.

Selon des données de la chambre d’agriculture d’El Menia, à raison d’un rendement moyen de 50 quintaux, le produit brut d’un hectare de maïs grain est de 250.000 DA contre près de 540.000 DA dans le cas du maïs ensilage. Le rendement moyen est, en effet, de 37 tonnes et le prix de vente est de 14.500 DA la tonne.

La culture du maïs ensilage est d’autant plus intéressante pour les opérateurs que son cycle est de seulement de 80 à 90 jours, ce qui permet de le cultiver dès juillet après une première culture de blé. Chose plus difficile à réaliser dans le cas du maïs grain, dont le cycle est de 130 à 150 jours.

Plans de culture triennaux : priorité aux produits stratégiques

Dans le cas de la wilaya d’El Menia, une grande partie de cet ensilage est destinée à des élevages laitiers, dont la production est achetée par des laiteries de Ghardaïa. Celles-ci élaborent différents produits laitiers (yaourt, desserts lactés, lait fermenté), dont les prix de vente sont libres contrairement au prix du litre de lait.

Des investisseurs produisent également sous pivot de la luzerne et différents fourrages destinés à la vente à prix libre ou destinés à leur propre élevage de moutons et camélidés, dont le prix de vente est également libre.

Ravi, un éleveur confie à Ennahar TV : « Les brebis ont deux agneaux par an et sont entièrement nourries à partir des fourrages produits sous pivot ». D’un air de défi, il lance : « Si les éleveurs bénéficiaient d’autorisations de forage et de pivots, la région pourrait approvisionner en viande une grande partie de l’Algérie ».

Un autre investisseur confie disposer de forages et de pivots, ce qui lui permet d’élever 2.000 brebis et près de 500 dromadaires. Il ajoute souhaiter arriver à 20 pivots afin d’élever 10.000 brebis.

L’investisseur indique avoir des contacts avec des éleveurs au Mali et au Niger et affirme que, s’il avait les autorisations nécessaires, il pourrait importer des animaux, les engraisser et approvisionner le Nord du pays. « On peut facilement aller vers Oran ou Alger par la route », ajoute-t-il.

Cet investisseur utilise même une rampe-pivot pour irriguer le sol nu du désert après qu’il l’ait ensemencé à partir de spores de truffe blanche (Terfass). Il indique s’inspirer d’un procédé de culture observé lors de ses voyages en Arabie Saoudite et au Qatar.

Il récolte ainsi de la truffe blanche, un produit d’un très bon rapport. Le kilo de truffe est vendu entre 15.000 et 25.000 DA en Algérie. Une production qui complète le revenu tiré de son élevage de moutons et de dromadaires.

Culture de blé, maïs grain, oléagineux et légumes secs ou culture de maïs ensilage, de luzerne avec élevage d’agneaux, voire de truffes blanches ? Certains investisseurs semblent avoir choisi.

Face à des importations de biens alimentaires de l’ordre de 10 milliards annuels, il semble qu’à travers la décision de plans de culture triennaux, l’Algérie veut s’assurer que les investisseurs bénéficiant de concessions agricoles s’orientent avant tout vers la culture de produits stratégiques pour la sécurité alimentaire du pays.

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