L’ex-chef du gouvernement Ahmed Benbitour a estimé, samedi 11 mai, que le maintien des élections présidentielles du 4 juillet mènerait l’Algérie vers « la catastrophe », appelant dans ce cadre à la mise en place d’une « période de transition ».
« La nécessité de changement du système de gouvernance est absolument indispensable. Si on reste dans l’élection présidentielle du 4 juillet, on va aller vers la catastrophe », a estimé Benbitour, lors d’un entretien accordé à la Radio nationale francophone Chaîne III. « Si on ne passe pas par une période de transition, on n’arrivera pas à une solution », a-t-il estimé en outre.
« Nous sommes aujourd’hui toujours dans un cinquième mandat sans le candidat habituel, alors que la première réclamation de la population quand elle est sortie dans la rue était non à un cinquième mandat », a estimé Ahmed Benbitour. « C’est vrai que ce n’est plus le même candidat, mais si on continue dans ce processus des élections jusqu’au 4 juillet, on sera toujours dans un cinquième mandat sans le candidat habituel », a-t-il ajouté.
« Depuis l’indépendance à aujourd’hui, tous les chefs de l’Etat ont été désignés par l’armée et non pas élus par le peuple. Nous espérons que cette fois-ci ce ne sera pas l’armée qui va désigner celui qui va être le candidat à la présidence de la République, qu’on aurait vraiment des élections et non des désignations. Si on reste dans la perspective d’élection le 4 juillet, c’est fatalement une désignation et non pas des élections », a déclaré Ahmed Benbitour.
« La mission de l’armée et son devoir est de remettre ce pouvoir au peuple », a souligné Benbitour. « Nous sommes dans un nouveau rapport de force depuis le 22 février, et ce serait grave et dangereux qu’on attende que le rapport de force en termes de pouvoir devienne un rapport de force en termes de violence. Il faudrait que les tenants du pouvoir comprennent que c’est dans leur intérêt mais surtout dans l’intérêt du pays qu’on en arrive pas sur la violence », a affirmé Benbitour, qui estime que « si ça continue comme ça, fatalement on va tomber dans la violence ».
L’ex-chef du gouvernement a par ailleurs refusé de commenter la mise en détention préventive de la secrétaire générale du Parti des Travailleurs. « Il y a une règle fondamentale dans la justice, c’est que lorsqu’un dossier est entre les mains d’un magistrat, seul le magistrat et les avocats ont le droit de parler de ce sujet-là », s’est justifié Benbitour.