Société

Aïd el-Adha : les vétérinaires livrent leurs recommandations

Les vétérinaires livrent leurs recommandations pour éviter la contamination au coronavirus durant l’Aïd el-Adha qui sera célébré demain vendredi 31 juillet en Algérie.

Le professeur en médecine vétérinaire, Dr Rachid Triki-Yamani rappelle d’emblée que la transmission du nouveau coronavirus Covid-19 est « strictement interhumaine ».

Dans le cas du mouton, aucun cas n’a été signalé à ce jour par l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), signale-t-il. « Cependant, une étude considère que la toison et autres régions de maniements (durant l’achat) peuvent constituer des supports inertes de virus (au même titre qu’une poignée de porte ou une rampe d’escaliers) et transmettre de façon passive la maladie », prévient Dr Triki-Yamani, dans une déclaration à TSA.

« Tout en sachant que le virus peut survivre de un à trois jours en dehors de l’homme, ce risque (combien minime) ne peut être occulté », souligne le médecin vétérinaire qui recommande de « respecter scrupuleusement, avant et pendant l’Aïd el-Adha, les mesures barrières sanitaires édictées depuis le début de la pandémie par l’OMS : port de la bavette, lavage régulier des mains au savon et à l’eau potable, distanciation sociale (1,5 – 2 m), ne pas se frotter le visage ».

Il appelle également à « éviter toute forme de regroupement (par exemple une personne pour égorger le mouton) ». De plus, ajoute-t-il, « il est très important d’éloigner toute personne reconnue positive au Covid-19 (SARS Cov-2) » pour éviter la contamination des autres personnes.

Privilégier les abattoirs agréés

Connaissant le rituel de l’abattage du mouton chez la société algérienne qui se fait en groupes où souvent une personne égorge plusieurs moutons, comment se prémunir dans ce cas ?

« Si l’égorgeur est indemne de la Covid-19, les risques de propagation sont quasiment nuls. Idéalement, il faudra opter pour la formule : « Un égorgeur-un mouton », car la transmission passive combien même le risque très faible, n’est pas à écarter », conseille Dr Triki-Yamani.

Le Dr Yamani recommande aussi de privilégier les abattoirs agréés par l’Etat pour garantir le maximum de sécurité. « C’est une formule bien plus sécurisante pour les populations des cités populaires. Sauf que les abattoirs aux normes de sécurité absolue sont très rares (ils seraient au nombre de trois !) et ne peuvent par conséquent pas répondre à la demande », admet-il en soulignant que « certains pays développés musulmans (comme la Turquie) ont opté pour des abattoirs mobiles ».

Pour Dr Yamani, la viande au même titre que la toison, « peut être un support inerte » du virus. Cependant, il se veut rassurant sur ce point. « Quel qu’en soit le risque, la cuisson à 63°C détruit le virus et comme dans nos habitudes alimentaires nous portons le tout à forte cuisson, on peut considérer que le risque est nul », rassure-t-il.

« Les mesures d’hygiène doivent être draconiennes »

Le Dr Salim Kebbab, vétérinaire, rappelle que les mesures d’hygiène doivent être renforcées lors de l’abattage du mouton. « Pour les mesures qui s’imposent pour le sacrifice en cette épidémie de la Covid-19, elles doivent être draconiennes », appuie le vétérinaire.

Ces mesures concernent les 3 phases de l’opération du sacrifice : avant, pendant et après l’abattage. Avant l’abattage, en respectant les mesures barrières (port de la bavette, distanciation physique, désinfection des mains avec du gel hydroalcoolique…) et cela lors de l’achat du mouton au niveau des points de vente autorisés ou lors de l’achat du petit matériel pour le traditionnel barbecue ou encore chez les rémouleurs pour la préparation de la coutellerie nécessaire à l’abattage, souligne Dr Kebbab. La désinfection du matériel lors de chaque étape entrant dans la préparation du sacrifice est également essentielle.

Ensuite, pendant l’abattage où l’opération de soufflage du mouton est particulièrement à craindre. Pour cela, Dr Kebbab recommande le soufflage mécanique au moyen d’une pompe. Enfin, après l’abattage. Le vétérinaire insiste sur le respect des mesures d’hygiène lors des opérations de découpe de la carcasse chez le boucher.

Selon lui, la carcasse est un support de transmission du virus à l’instar de tous les supports “inertes” comme les poignées de portes, les billets de banque et pièces de monnaies.

« Les bouchers doivent être sensibilisés sur ce risque, car l’empilement des carcasses que l’on observe généralement à partir de l’après-midi jusqu’au 3e jour de l’Aïd au niveau de leurs locaux devient un nid pour la propagation du coronavirus », prévient Dr Salim Kebbab.

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