Il n’y a pas eu de miracle pour les 1.150 salariés d’Aigle Azur – dont 350 en Algérie. Sans grande surprise, le tribunal de commerce d’Evry a prononcé ce vendredi la liquidation immédiate de la compagnie, jugeant irrecevables les deux offre encore en lice.
Il n’y a pas eu de miracle pour les 1.150 salariés d’Aigle Azur. Sans grande surprise, le tribunal de commerce d’Evry a prononcé ce vendredi la liquidation immédiate de la compagnie, jugeant irrecevables les deux offre encore en lice.
« Aucune solution pérenne n’a été proposée par les candidats repreneurs », a expliqué Sonia Arrouas, la présidente du tribunal déplorant « les désistements ou les absences d’offres concrètes, l’absence de moyens financiers des candidats crédibles », « l’indétermination de la provenance des fonds » ou encore « l’irrecevabilité de certaines propositions ».
Le secrétaire d’Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, qui a promis aux salariés « un accompagnement particulier (…) afin d’assurer un retour plus rapide à l’emploi », a réagi en assurant que « tout avait été mis en œuvre pour donner leurs meilleures chances aux offres de reprise », mais qu' »aucune offre financée » n’avait pu « aboutir ». Une déclaration bien isolée au sein du gouvernement.
Deux offres encore en lice
Deux offres étaient étudiées, l’une émanant de deux anciens responsables d’Air France, Lionel Guérin et Philippe Micouleau, subordonnée à l’obtention d’un prêt participatif de 15 millions d’euros auprès de l’État, l’autre présentée par Lu Azur, actionnaire minoritaire d’Aigle Azur à hauteur de 19%. « L’une ne pouvait être choisie car elle reposait sur une majorité de capitaux extra-communautaires, l’autre était assortie d’une aide de l’État », a expliqué à l’AFP Bruno Forey, également membre du Comité social et économique de l’entreprise.
Les syndicats demandaient un prêt de l’Etat
Plus tôt dans la journée, les syndicats d’Aigle Azur avaient appelé ce matin l’Etat à accorder un « prêt relais d’environ 35 millions d’euros pour sauver » la compagnie, comme vient de le faire l’Etat allemand pour la compagnie allemande Condor, filiale du voyagiste britannique en faillite Thomas Cook. Berlin lui a accordé obtenu mardi un prêt relais garanti de 380 millions d’euros, lui permettant de continuer à voler.
Désormais, « la liquidatrice a 21 jours pour licencier tout le monde », a expliqué Bruno Forey, de la CFDT. « C’est la durée légale. Il n’y a pas de plan de sauvegarde de l’emploi, donc tout le monde est licencié au minimum légal. On va pointer à Pôle emploi dans 21 jours ».
Air France, un temps intéressée, a jeté l’éponge.
« Il y a certains avoirs intéressants » mais les conditions légales et sociales « sont plutôt compliquées », a estimé Benjamin Smith, directeur général d’Air France-KLM, vendredi lors d’une conférence de presse à Toulouse, lors de la réception du premier A350.
En effet, la reprise d’activité dans le cadre d’un redressement judiciaire ou d’une liquidation impose au repreneur de reprendre les salariés avec leurs contrats de travail et leur ancienneté. Or Air France n’en voulait pas car les salaires de certains pilotes sont apparemment très élevés. Mais aussi parce que la reprise de leur ancienneté aurait créé des remous en interne. Elle aurait fait passer les plus anciens des pilotes d’Aigle Azur devant les pilotes d’Air France dans la liste de séniorité qui détermine les actes de carrière et de rémunération. Et ce, même s’ils ne le souhaitaient pas. La majorité des pilotes d’Aigle Azur voulait intégrer Air France sans conditions de maintien de salaire, de poste, et d’ancienneté, comme ils l’ont écrit à la directrice générale d’Air France, Anne Rigail.
La problématique était la même pour le Groupe Dubreuil
« Nous voulions bien reprendre des gens, les accueillir, mais à des conditions qui nous permettent de réussir », a déclaré de son côté Marc Rochet, directeur général du groupe Dubreuil Aero (maison mère d’Air Caraïbes et de French Bee), sur franceinfo, blâmant « des gens qui ont mené une guérilla permanente contre les directions successives (…) et se sont construits des statuts qui font que ça n’est plus cohérent avec le marché ».
Après ce coup terrible pour l’emploi, les yeux se tournent vers XL Airways, placée en redressement judiciaire. Les candidats à la reprise ont jusqu’à ce samedi midi pour déposer une offre. 570 emplois sont menacés.
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