Affectés par neuf mois de suspension du trafic aérien à cause de la pandémie de Covid-19 et inquiets pour le devenir de la compagnie aérienne nationale, deux syndicats d’Air Algérie réclament la reprise en urgence des vols.
« Les syndicats, soucieux de la préservation de l’emblème national, interpellent les pouvoirs publics en toute urgence et en toute transparence, en permettant à la compagnie de reprendre graduellement ses activités (…) », réclament le Syndicat SPLA (pilotes de lignes) et le syndicat d’entreprise UGTA dans un communiqué.
Ces deux organisations suggèrent une reprise des vols intérieurs comme une première étape, sous réserve de la mise en place d’un protocole sanitaire anti-Covid-19.
« En effet, la réouverture des vols sur le réseau intérieur peut être bénéfique à plus d’un titre », soutiennent les syndicalistes qui prennent le soin de préciser que cela ne se fera que « sous réserve des décisions des pouvoirs publics ».
Parmi les bénéfices que peut tirer l’État de la reprise des dessertes locales, les deux syndicats citent en premier lieu l’amélioration des conditions de transports « de nos compatriotes du sud qui souffrent depuis plusieurs mois ».
Autre bénéfice à tirer : maintenir l’état de navigabilité de la flotte dès lors qu’ « un avion cloué au sol revient plus cher qu’un avion qui vole même à minima », argumentent les syndicalistes.
En troisième lieu, une reprise des dessertes locales servira à la mise en place et « l’application rigoureuse du protocole sanitaire et en déceler les éventuels manquements en prévision de l’ouverture des frontières » avec les pays étrangers, proposent-ils encore.
Et c’est l’occasion pour ces deux syndicats d’inviter les pouvoirs publics à « se pencher » sur la réouverture des frontières de l’Algérie au « risque de tendre le flanc à la concurrence. »
« La situation sanitaire pouvant se maintenir dans le temps, nous pensons qu’il est opportun de se pencher sur une réouverture des frontières avec un protocole sanitaire qui garantit un contrôle du risque d’importation du virus (Covid-19) », exhortent les syndicalistes.
Ces derniers rappellent que malgré l’arrêt des vols, Air Algérie, bien qu’asphyxiée financièrement, est parmi les rares compagnies au monde à continuer à verser les salaires de ses 10 000 employés « contrairement à des compagnies major qui sont passées sans attendre à des mesures sociales douloureuses ».
« Devant toute cette situation qui ne peut plus durer, tout le personnel d’Air Algérie se trouve dans le désarroi total et s’inquiète profondément sur son devenir, notamment devant la persistance des rumeurs allant jusqu’à (suggérer) sa liquidation totale » », alertent les syndicalistes.
“Cette situation est extrêmement préjudiciable pour Air Algérie”
Les deux syndicats se disent « surpris » par les annonces par les pouvoirs publics relatives notamment à la création de compagnies aériennes privées pour le transport domestique, tout en rappelant que « l’expérience de la création de compagnies privées était vouée à l’échec », en référence à l’affaire Khalifa Airways.
L’autre annonce du gouvernement qui a surpris les syndicalistes : le maintien d’Air Algérie exclusivement sur le réseau international. Ils déplorent en outre que l’État ait exclu tout support financier à Air Algérie « au lieu de la renforcer ».
Les deux syndicats s’interrogent sur le devenir d’Air Algérie « devant l’absence de mesures minimales d’accompagnement » dans la mesure, rappellent-t-ils, où l’activité de la compagnie publique s’est limitée depuis le début de la pandémie de la Covid-19 « à la réalisation de quelques vols de rapatriement à perte, (de vols) charters ainsi que le maintien de l’activité cargo ».
Ceci « alors que d’autres compagnies étrangères continuent de transporter régulièrement des passagers de et vers l’Algérie à des tarifs exorbitants souvent exigés en devises ». Cette situation fait craindre aux syndicalistes une perte de la clientèle qui se redirigera vers la concurrence.
« Cette situation est extrêmement préjudiciable pour Air Algérie, sur le court terme avec un manque à gagner immédiat, et sur le moyen et le long terme avec une possible perte de la clientèle (…) », alertent les syndicalistes.