Malgré le discours d’apaisement du président français Emmanuel Macron, et du rejet d’Alger de l’ultimatum posé par le Premier ministre François Bayrou, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, compte apparemment aller jusqu’au bout de son "rapport de force" avec l’Algérie.
Le plan du locataire de Place Beauvau va largement au-delà de la remise en cause de l’accord de 1968, selon une note interne du ministère, dévoilée ce 2 mars par le journal La Tribune Dimanche.
Plusieurs leviers que compte engager Bruno Retailleau pour faire pression sur Alger concernent les membres de la communauté algérienne en France, l’entrée des voyageurs algériens, ainsi que les compagnies algériennes de transport aérien et maritime.
Suspendre l’activité « des compagnies aériennes et maritimes algériennes »
La note qui énumère plusieurs mesures pour « accentuer la pression » sur Alger a été préparée avant la tenue du comité interministériel de contrôle de l’immigration, mercredi dernier, à l’issue duquel François Bayrou a donné un ultimatum de six semaines à l’Algérie.
Selon le document préparé par les services du ministère de l’Intérieur, la riposte de la France devrait inclure des « restrictions massives des visas ciblant la nomenklatura (algérienne) et, le cas échéant, à l’encontre de l’ensemble de la population ».
Concernant les déplacements des Algériens vers la France, le ministère de l’Intérieur suggère aussi la suspension de l’activité « des compagnies aériennes et maritimes algériennes (Air Algérie et Algérie Ferries, notamment) » dans l’Hexagone. Des « contrôles renforcés aux frontières pour les ferries arrivant au port de Sète » sont également proposés.
La méthode « dure » que préconise le département de l’Intérieur français face à l’Algérie comprend aussi une « convocation » des consuls algériens par le Quai d’Orsay et le ministère de l’Intérieur pour « leur rappeler les termes de l’arrangement de 1994 entre la France et l’Algérie sur la réadmission de leurs nationaux ».
Rapport de force avec l’Algérie : Retailleau continue d’agir en solo
Par ailleurs, la note des services de l’Intérieur souligne que, depuis l’expulsion ratée de l’influenceur algérien Doualemn, « une dizaine d’Algériens dispensés de laissez-passer consulaires ont été refoulés à l’aéroport d’Alger ou, de manière plus insidieuse, à l’embarquement des vols Air Algérie ».
À noter qu’il s’agit uniquement de propositions du ministère de l’Intérieur pour faire pression sur Alger et qu’aucune de ces mesures n’est pour le moment appliquée. Le président français a appelé vendredi dernier à « réengager un travail de fond sur les accords d’immigration ».
Macron a également souhaité que les relations franco-algériennes ne fassent pas « l’objet de jeux politiques ». Certains observateurs y voient dans cette déclaration une allusion à l’élection interne au parti Les Républicains, à laquelle Bruno Retailleau s’est porté candidat, en vue d’une candidature à la présidentielle de 2027.