On le pressait d’écrire ses mémoires, voilà qu’il revient avec un album. Quelques semaines après une célébration en grande pompe de ses cinquante années de carrière, Ait Menguellet, le poète troubadour Kabyle, orfèvre et ciseleur de mots, revient avec un nouvel album de sept chansons avec comme titre phare « Tuddert-nni » (une certaine vie).
« Je me suis dit que l’idéal serait que je fasse des flashs sur ma vie, mais avec ce que je sais faire le mieux : écrire des chansons », explique-t-il modestement dans un entretien à El Watan.
Sorti ce week-end simultanément en Algérie et à l’étranger, l’album donne la part belle à certaines facettes de sa vie, une sorte de voyage dans le temps, mais aussi d’hommage à ceux et à celles qui l’ont accompagné durant ses cinquante années de carrière.
« La première chanson, titre de l’album, Tudert nni (une certaine vie) est autobiographique. Taqsit nidden (une autre histoire) qui fait suite à la première, décrit le dérapage d’après l’indépendance où l’artiste était complètement muselé et où une chape de plomb est tombée sur toute la société », explique l’artiste dans l’entretien accordé à notre confrère depuis Montréal où il s’est produit vendredi au grand bonheur de la communauté algérienne établie dans le pays de l’érable.
« Avec Zer Kan (Regarde…), j’ai mis en jeu les 4 éléments (la terre, l’air, l’eau et le feu). Une chanson qui parle en quelque sorte d’écologie mais loin de tout militantisme pur et dur. I w aggad-iw (Aux miens) est très importante pour moi car elle s’adresse à tous les gens qui m’ont suivi le long des 50 ans de carrière. Yella wass (Il y a un jour…), il y a des jours avec et des jours sans, comme on dit. Quant à Tajmilt i tayri (hommage à l’amour), comme son nom l’indique est un hommage à l’amour. Et enfin Slam i temzi (Ode à la jeunesse), un hommage à la jeunesse qui n’est pas une question d’années », détaille-t-il.
Même si l’importance, comme toujours dans les œuvres de Lounis Ait Menguellet, est prioritairement donnée aux textes, il n’en demeure pas moins qu’ils s’appuient sur de belles mélodies magistralement arrangées par son fils, Djaffar. « Tuddert-nni » ne se décline pas seulement comme une autre séquence dans la longue et riche carrière de l’artiste, c’est aussi une œuvre de maturité portée par le regard détaché, plein de lucidité, d’un sage poète que d’aucuns n’hésitent pas à comparer à Georges Brassens.