Dans leurs JT, les télévisions d’État ont diffusé, samedi 27 mai, des images d’affrontements entre des groupes de jeunes et les forces de l’ordre pour illustrer la lecture laconique du communiqué du procureur du roi près la Cour d’appel d’Al Hoceima annonçant l’arrestation de 20 manifestants du Hirak.
Les Détails
Les images collationnées dans le « reportage », filmées de jour comme de nuit, ne sont ni sourcées, ni datées, ni localisées et encore moins contextualisées. On y voit des heurts entre policiers et des personnes non identifiées et des dégâts matériels : bâtiments administratifs saccagés, véhicules endommagés, etc. La voix off superposée aux vidéos donne lecture du communiqué du procureur d’Al Hoceima qui liste les griefs contre les activistes du hirak justifiant ainsi leur interpellation pour des faits jugés attentatoires à la sûreté de l’Etat.
En somme, il est prétendu que les personnes interpellées l’ont été pour les actes et leurs conséquences montrées par les vidéos.
Les fais réels
Les images illustrant la simple lecture du communiqué du procureur énonçant les griefs à l’encontre des manifestants interpellés les 26 et 27 mai ne concernent absolument pas les rassemblements du Hirak, mais des affrontements entre supporters de deux clubs de football.
Le Desk, comme d’autres médias, avait fait état des troubles consécutifs aux batailles rangées entre supporters du WAC et du CRA. La photographie qui illustrait notre brève montre d’ailleurs, une Mini Cooper blanche dont la lunette arrière avait été brisée. Le même véhicule a été montré par les vidéos des télévisions d’État.
Le verdict
Cette couverture par les journaux télévisés des tout récents événements à Al Hoceima par les chaines d’État a été sur le fond comme dans la forme un nouvel exercice de propagande qui démontre encore une fois à quel point elles ne sont que les caisses de résonance des autorités. D’ailleurs la règle du balancing fact en matière de journalisme, donnant une version contradictoire des faits, n’a pas été respectée. Le but évident étant de montrer à quel point les manifestants sont de simples et dangereux casseurs.
En réalité, aucune des images de saccages montrées à l’écran ne concerne le mouvement de contestation dans le Rif, (les derniers attroupements se sont d’ailleurs déroulés exclusivement de nuit après la prière du tarawih, mais des actes de hooliganisme à l’époque décriés par les activistes du Hirak eux-mêmes, soupçonnant déjà une manipulation potentielle de ces événements distincts de leurs revendications et actions. Deux mois plus tard, les faits leur donnent raison.