Économie

Algérie : 3 bonnes raisons d’investir dans l’élevage

L’investissement dans l’élevage en Algérie a actuellement le vent en poupe. Grands et petits investisseurs se pressent pour élever des moutons ou du poulet de chair. Démarré depuis des décennies, cet engouement ne fléchit pas. Trois bonnes raisons d’investir dans l’élevage en Algérie.

L’engouement est tel que sur les réseaux sociaux ce thème est présent à l’image des conseils prodigués par Marc Mauco, un entrepreneur français installé en Algérie.

Investir dans le poulet de chair

Il indique que pour l’élevage du poulet de chair, il s’agit simplement de « créer une structure de grands hangars » d’autant plus qu’en Algérie « le marché est en pleine expansion car on consomme beaucoup de poulets ». Aussi voit-il une belle opportunité.

Il manque à cet avis la connaissance du contexte local en matière de production. C’est ce que semble lui faire remarquer une internaute : « Je suis zootechnicienne de formation. L’aviculture est trop délicate car la poule est une espèce trop fragile, c’est un grand risque à prendre ».

Et de conseiller « l’apiculture, la cuniculture et bien sur l’élevage de vache laitière, mouton ».

L’intérêt de l’élevage avicole tient dans le fait qu’il demande relativement peu de surface foncière, que la demande est importante et que le poids de la fiscalité est faible : exonération d’impôts avec la carte Fellah et exonération de la TVA sur l’aliment.

Quant à VetovoConsulting, il acquiesce : « Il n’y a pas mieux que le poulet de chair. Je parle en connaissance de cause. Pour la trésorerie, c’est top. Lorsque je suis rentrée de France en 2004, j’ai débuté avec la pondeuse puis du chair ».

Pour produire du poulet de chair, les secteurs d’amont et d’aval ont un rôle déterminant. En fait, l’investisseur achète des poussins et de l’aliment volailles puis revend sa production à des intermédiaires en lien avec un abattoir.

La rentabilité de son investissement est donc dépendante d’une part de ses fournisseurs et acheteurs et d’autre part de son savoir-faire.

Sur l’amont et l’aval, l’aviculteur n’a aucune prise, son savoir-faire est donc primordial. Sa réussite dépend en grande partie de sa technicité et notamment de la maîtrise de l’hygiène et de l’ambiance des bâtiments d’élevage.

Investir dans le mouton

Concernant l’élevage de moutons, Marc Mauco le présente comme «une véritable opportunité à ne pas manquer ! ». Il note, comme chacun l’aura remarqué qu’en Algérie, « la demande dépasse largement l’offre. Cela entraîne des prix très élevés pour le mouton ».

Et un internaute de lui faire remarquer : « Oui, tu as raison Marc, sauf qu’il faut l’alimentation du bétail, le fourrage ».

Il reste que pour investir avec succès dans l’élevage du mouton, il s’agit de maîtriser, comme dans le cas de l’élevage avicole, les charges liées à l’alimentation.

Le problème est qu’en tant que ruminant, le mouton a besoin de fourrages grossiers tels que le foin et la paille ou des pâturages. Cette autonomie alimentaire passe par la possession de terre ou sa location pour produire ces fourrages.

Beaucoup plus professionnel dans le domaine de l’élevage que Marc Mauco, l’agriculteur français Michel Dedenon voit un grand intérêt dans l’investissement vers l’élevage du mouton mais également l’engraissement de jeunes bovins.

Habitué à venir en Algérie pour conseiller des agriculteurs, il a conseillé dans la wilaya d’Oum El Bouaghi un médecin qui gère la ferme familiale de 300 hectares. Un cheptel de 300 brebis Ouled Djellal est élevé à partir de foin, d’orge pâturée en vert, de luzerne et de céréales produites sur l’exploitation.

L’agriculteur engraisse également de jeunes bovins charolais de 450 kg importés et qu’il nourrit à partir d’une ration de foin, de paille et d’aliment d’engraissement.

Afin de réduire les charges de l’exploitant, son conseiller français l’a orienté vers des techniques simplifiées de travail du sol.

En Algérie, comme en élevage avicole, la possession de la carte Fellah permet l’exonération d’impôts.

Élevage, investir dans l’amont et l’aval

À la production proprement dite, certains préfèrent investir dans l’amont : couvoirs pour la production de poussins, fabrication d’aliments du bétail ou de compléments minéraux.

D’autres préfèrent investir dans l’aval : abattoirs pour poulets de chair ou plus rares casseries d’œufs.

Selon la technicité des investisseurs, le secteur d’amont renferme de multiples  opportunités en matière de compléments alimentaires.

Pour s’en convaincre, il suffit d’assurer une veille technologique en lisant les revues agricoles afin de voir ce qui se fait à l’étranger : fabrication de seaux à lécher pour ruminant afin de répondre à leurs besoins nutritionnels spécifiques, compléments azotés non protéiques à base de sel et d’urée ou blocs multinutritionnels (Feed Block).  

Ces derniers sont des aliments de base constitués de cubes de son et de sous-produits des industries agro-alimentaires : grignons d’olives, rebus de dattes, mélasse enrichis d’urée et de sels minéraux. Nombreux sont les résultats d’essais qui sommeillent dans les rayons des bibliothèques de nos universités.

Un secteur prometteur concerne également les produits vétérinaires pour ce qui concerne le segment des formulations les plus simples dont les brevets sont tombés dans le domaine public. Avec un cheptel de 19 millions de moutons, le marché algérien est conséquent.

Dans le secteur d’aval, aux delà des abattoirs et casseries d’oeufs déjà évoqués, il reste le domaine de la transformation. C’est notamment le cas de la fabrication de fromages fermiers tels ceux de Rachid Ibersiene qui a appris le métier de fromager en Suisse.

En matière de transformation de produits agricoles, l’innovation est reine. En Allemagne notamment, les consommateurs se tournent vers les laits végétaux à base d’avoine ou de soja.

En France, à partir de tourteau de soja, la société Markal produit du soja texturé utilisé en cuisine vendu 2,33 € les 175 gr soit plus de 13 euros le kg.

Dans de nombreux pays européens, des extraits de protéines de pois texturés permettent la confection d’escalopes, aiguillettes et nuggets végétales.

C’est le cas de la société HappyVore avec ses « Aiguillettes végétales & gourmandes ».

HappyVore, une start-up créée en 2019 par deux ex-conseillers du cabinet de conseils McKinsey. En Algérie, la société Bellat explore ce domaine naissant des substituts de viande avec sa mortadelle végane à base d’huiles végétales et de légumes secs.

Comme le font remarquer Marc Mauco et Michel Dedenon, il y a 3 bonnes raisons pour investir dans l’élevage en Algérie : une forte demande des consommateurs, un faible investissement de départ (mais qui exige un savoir-faire) et une fiscalité avantageuse confortée par le confort assuré par la protection des barrières douanières nationales.

 SUR LE MÊME SUJET :

L’Algérie est-elle encore le pays du mouton ?

Les plus lus