Après la Russie (13-17 juin) et le Qatar (15-16 juillet), le président Abdelmadjid Tebboune se rend, ce lundi 17 juillet, en Chine. La visite du président de la République à l’Empire du milieu n’a rien d’une surprise au vu de l’excellence des relations politiques et économiques qui lient l’Algérie et la Chine.
Entente politique totale, liens ancrés dans l’histoire, partenariat et échanges économiques intenses, l’Algérie et la Chine entretiennent une relation d’exception.
À Pékin, Abdelmadjid Tebboune sera accompagné d’une très forte délégation d’hommes d’affaires, représentant près de 150 entreprises. Le chiffre à lui seul traduit le poids du volet économique de cette visite.
Outre la consolidation des « relations solides et enracinées », le déplacement du président Tebboune en Chine vise aussi à « renforcer la coopération économique entre les deux pays amis », avait précisé le communiqué de la présidence de la République annonçant la visite.
L’histoire retient que la Chine était le premier pays en dehors du monde arabe à reconnaître le Gouvernement provisoire de la République algérienne en 1958, et que l’Algérie a joué un rôle important dans l’entrée de la Chine à l’ONU en 1971.
Néanmoins, il faut attendre les années 2000 pour voir la relation économique hissée au niveau de ces liens politiques étroits. Dans le sillage de son boom économique et du déploiement de ses entreprises dans le monde, la Chine a gagné progressivement des parts dans le marché algérien, jusqu’à devenir en 2014 le premier fournisseur de l’Algérie, un statut qui était jusque-là détenu par la France.
Entre-temps, les entreprises chinoises ont raflé une grande partie des projets d’infrastructures lancés à partir du début des années 2000 en Algérie, dont une partie de l’Autoroute Est-Ouest, la grande mosquée d’Alger, le Centre international des conférences, des stades de football, des dizaines de milliers de logements, une partie de l’autoroute du Sud, l’autoroute de Béjaïa…
Le changement politique, survenu en 2019 en Algérie, n’a pas freiné cet élan. Il l’a, au contraire, boosté avec le passage du partenariat algéro-chinois des marchés de fournitures et de réalisation à la concrétisation de grands projets structurants.
Une très forte délégation d’opérateurs accompagne le président algérien en Chine
Les projets les plus notables sont le grand port du centre d’El Hamdania, près de Cherchell, l’exploitation du gisement de phosphates de Tébessa et celui de minerai de fer de Gara Djebilet, près de Tindouf.
Le tracé de la nouvelle route de la soie, ou projet « la ceinture et la route », ne pouvait pas épargner l’Algérie qui représente la principale porte de l’Afrique à partir de la Méditerranée, qui a intégré officiellement l’initiative en 2018.
L’Algérie compte également beaucoup sur sa forte relation avec la Chine pour concrétiser son ambition de rejoindre le groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). La Chine a indiqué, à la fin de l’année dernière, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, qu’elle accueillait favorablement la candidature de l’Algérie.
En attendant de les voir côte à côte dans ce grand pôle économique qui représente 40% du PIB mondial, l’Algérie et la Chine savourent l’excellence de leur coopération bilatérale et comptent la consolider et la renforcer davantage.
En chiffres, c’est déjà environ 10 milliards de dollars d’échanges annuels, 18% de parts de la Chine dans les importations algériennes (premier fournisseur de l’Algérie devant la France et l’Italie), 20 milliards de dollars d’investissements chinois en Algérie ces 15 dernières années…
Il s’agit maintenant de porter le partenariat à un autre niveau, pour une contribution plus significative de la Chine à la diversification de l’économie algérienne, une entreprise entamée avec le lancement en partenariat d’au moins deux grands projets miniers en Algérie. D’où la très forte délégation qui accompagnera le président Tebboune à Pékin, composée d’opérateurs de divers secteurs d’activité.
Si la Chine a eu une bonne part du gâteau algérien que représentent les plans de relance économique depuis 2000, l’Empire du Milieu reste relativement absent de la liste des pays investisseurs en Algérie, comparativement à la France ou à la Turquie ou même aux États-Unis.
Jusqu’à présent, les entreprises chinoises se contentent de construire des infrastructures de base alors que l’Algérie ne veut plus être un marché pour les produits chinois, mais produire davantage sur son territoire, afin de réduire sa facture des importations et surtout sa dépendance vis-à-vis des pays étrangers.
Même en termes d’échanges commerciaux, la Chine ne fait pas partie des principaux clients de notre pays, sans doute parce que l’Algérie exportait essentiellement des hydrocarbures, mais avec le développement des exportations hors pétrole et gaz, les produits algériens devraient trouver une place sur l’immense marché chinois, afin d’équilibrer la balance commerciale, trop favorable à l’Empire du milieu.
L’industrie agroalimentaire est le secteur le plus représenté avec une trentaine d’entreprises, dont le PDG de Cevital, Malik Rebrab et le gérant du groupe SIM, Mourad Taieb Ezzraimi. Il y aura aussi de grandes entreprises du secteur de l’énergie (Sonatrach et Sonelgaz notamment), les énergies renouvelables, les accessoires automobiles, les transports (SNTF…), les mines (Sonarem groupe), les travaux publics et le BTPH, les télécommunications (Algérie Télécom et Mobilis), les industries pharmaceutiques (Saidal, Biopharm…), BTP (Souakri, Cosider, SNTP…), hygiène corporelle (Faderco) la sidérurgie, les startups, le tourisme (ONAT)… En somme, tout le gratin de l’économie algérienne sera à Pékin avec le président Tebboune.
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