Djazpora est association qui réunit des membres de la diaspora algérienne à l’étranger.
Elle a entamé un travail d’encadrement de jeunes porteurs de projets de l’USTHB, la plus grande et prestigieuse université d’Algérie.
Son président Fayçal Kaddour explique dans cet entretien à TSA l’objectif de cet encadrement et la nature des projets sélectionnés qui portent tous sur l’innovation dans différents domaines.
Des cadres et des chefs d’entreprises qui ont réussi à l’étranger de Djazpora ont entamé un travail de formation pour faire émerger six pépites de la Tech en Algérie.
Vous avez lancé un partenariat avec l’université de Bab Ezzouar pour encadrer des étudiants porteurs de projets. Quel sont les projets qui seront encadrés par des coachs de la diaspora ?
Effectivement, dans le cadre d’une convention tripartite entre le ministère de l’Enseignement supérieur, le Conseil du renouveau économique algérien et Djazpora, nous avons initié un partenariat stratégique avec l’USTHB, la plus grande université d’Algérie, afin de soutenir l’entrepreneuriat étudiant.
Dans ce cadre, nous organisons en 2025 quatre “Innovation Days” au sein du Start-up Hall de l’USTHB.
Ce partenariat repose sur deux axes majeurs :
- D’une part, nos experts partagent leur savoir-faire avec l’ensemble des étudiants intéressés par l’entrepreneuriat, à travers des ateliers, des conférences et du mentorat.
- D’autre part, nous avons mis en place un programme d’accompagnement personnalisé pour les porteurs de projets les plus prometteurs.
Ainsi, en amont du premier Innovation Day nous avons reçu 54 dossiers. Après une phase d’étude approfondie, nous avons présélectionné 16 projets selon des critères rigoureux : innovation, connaissance du marché, viabilité économique et impact positif.
Combien de projets ont été retenus et dans quels domaines ?
À l’issue d’un concours de pitchs devant un jury composé de membres de Djazpora et d’enseignants de l’USTHB, six projets ont été sélectionnées pour bénéficier d’un accompagnement jusqu’à la fin de l’année.
Ces projets couvrent des secteurs stratégiques :
- Deux innovations dans le domaine de la santé, visant à améliorer la prise en charge des patients.
- Une plateforme B2B dédiée aux ressources humaines, qui facilite le recrutement et la gestion des talents.
- Un projet en agriculture intelligente, intégrant des solutions technologiques pour optimiser la production agricole.
- Une solution de sécurisation contre les fuites de gaz, contribuant à la prévention des risques domestiques et industriels.
- Un vitrage intelligent, permettant une gestion optimisée de la lumière et de la chaleur pour l’efficacité énergétique des bâtiments.
Ces projets incarnent le dynamisme et le potentiel d’innovation des étudiants algériens.
Comment avez-vous sélectionné les profils à encadrer ?
Notre sélection repose sur quatre critères :
L’innovation, pour s’assurer que chaque projet apporte une réelle valeur ajoutée ; la connaissance du marché, afin que les entrepreneurs comprennent les besoins et la concurrence dans leur secteur ; la viabilité économique, un aspect essentiel pour garantir la pérennité du projet ; l’impact positif, notamment en matière de développement durable et de création d’emplois.
Au-delà de ces critères techniques, nous avons également tenu compte de la motivation et de l’implication des porteurs de projets.
Enfin, nous avons porté une attention particulière aux initiatives touchant des secteurs stratégiques pour l’Algérie, comme la sécurité sanitaire, alimentaire et énergétique.
Dans quels domaines ces porteurs de projets ont-ils besoin d’encadrement ?
Les étudiants de l’USTHB sont brillants, avec un excellent bagage technique et une maîtrise pointue de leur domaine. Cependant, le passage de la recherche académique à l’entrepreneuriat requiert des compétences complémentaires.
Nous les accompagnons donc sur des aspects clés tels que les soft skills, le marketing et l’étude de marché, l’élaboration du business plan, la recherche de financements, la commercialisation et le réseautage.
Notre objectif est de leur donner toutes les clés pour transformer leur projet en succès.
L’Algérie regorge de talents scientifiques. Qu’est-ce qui manque encore aux porteurs de projets ?
Les jeunes porteurs de projets que nous avons rencontré possèdent des compétences techniques exceptionnelles. Cependant, ils doivent encore développer une vision stratégique et une posture entrepreneuriale adaptées aux exigences du marché.
L’innovation ne suffit pas ; il faut aussi apprendre à structurer un projet, à convaincre des partenaires, à gérer une équipe et à anticiper les défis économiques. C’est précisément sur ces aspects que notre programme d’accompagnement intervient.
Qu’avez-vous découvert de particulier en travaillant sur l’entrepreneuriat en Algérie ?
Ce n’est pas une découverte, mais plutôt une confirmation : l’Algérie regorge de talents et dispose d’un enseignement scientifique de grande qualité. Accompagner ces jeunes entrepreneurs nous rappelle que le pays possède un immense potentiel d’innovation.
Cela nous convainc aussi qu’en créant des synergies entre les talents locaux et ceux de la diaspora, nous pouvons obtenir des résultats remarquables. Il ne s’agit pas seulement d’accompagner les porteurs de projet à émerger, mais de bâtir avec le temps un écosystème solide, capable de soutenir l’économie algérienne.