Économie

Algérie : des petits pois et du blé cultivés dans le désert

En Algérien, dans le désert des Nemencha, au sud de la wilaya de Khenchela, des parcelles de blé, déjà à l’épiaison, pourraient être récoltées bien avant le mois de mai prochain. Entre blé et cultures maraichères, la région qui était désertique il y a quelques années n’a pas fini de révéler ses potentialités.

En quelques années, le désert de Nemencha dans le sud de la wilaya de Khenchela est devenu un nouveau pôle agricole en Algérie. Un front pionnier pour reprendre la terminologie des agroéconomistes.

Des investisseurs privés ont été les premiers à développer des cultures mais ce sont les réalisations du groupe public de BTP Cosider qui ont mis en évidence les potentialités de la région.

Nemencha, d’une région désertique à un nouveau front pionnier agricole

Dès 2018, la filiale Agrico de Cosider a bénéficié d’une concession agricole de 8 000 hectares. De premiers forages, sur les 40 prévus, ont été réalisés, des rampes pivot ont été montées et des groupes électrogènes installés en attendant le raccordement au réseau électrique.

De l’aveu même des ingénieurs et techniciens de Cosider, la première année les rendements de blé ont été moyens. Mais Agrico a vite appris et affiche aujourd’hui des rendements honorables. Elle consacre la totalité de ses superficies à la production de semences de céréales à destination de l’OAIC. En 2021, elle a ainsi livré à l’office 20 000 quintaux de semences. 

Aujourd’hui, les investisseurs sont nombreux dans cette région à l’image de ces parcelles de blé atteignant déjà le stade épiaison et relayées par les réseaux sociaux.

Une situation liée aux températures clémentes du mois de décembre qui, associées à l’irrigation et à un apport d’engrais, ont permis ce développement rapide de la végétation. Un développement qui n’est pas sans risques. En cas de températures basses en ce mois de janvier, les épis risquent d’être en partie stériles.

Pour les investisseurs s’aventurant dans la culture des céréales irriguées en zone aride, le défi est de choisir les variétés de blé les mieux adaptées aux conditions climatiques locales.

Pour profiter des températures clémentes de l’hiver, de nombreux investisseurs des wilayas du sud algérien pratiquent la double culture : après une culture de blé, ils sèment du maïs récolté sous forme de fourrage. 

L’Algérie transforme une région désertique en nouveau pôle agricole

Dans le désert de Nemenchas, il n’y a pas que des parcelles de blé qui sont en avance. La récolte des petits pois bat son plein.

Une culture de plein champ car « Il n’y a pas de gel » confiait en 2024 à Ennahar TV Mohamed Lakhdar, un agriculteur de la région.

Partout dans les champs, des rangées de petits pois plantés au creux de sillons irrigués de façon traditionnelle, à la raie. Des plants qui présentent de nombreuses gousses et dont une main d’œuvre nombreuse procède  à une  récolte. 

Sur le marché de gros, les agriculteurs déchargent de leurs camionnettes des caisses remplies de gousses vertes charnues. Dans les allées poussiéreuses du marché, les piles de caisses sont alignées à perte de vue.

Les véhicules des grossistes venant des wilayas limitrophes sont nombreux mais ne suffisent pas à absorber la production locale. Aussi, une opération d’exportation de petits pois est en cours. Un camion frigorifique charge des centaines de caisses. Destination la frontière libyenne. A raison de 735 km, la ville de Khenchela est plus proche de Tripoli que d’Oran distante de 920 km.

Sur les réseaux sociaux, l’exportateur lance un appel aux producteurs de petits pois : « Il est prévu d’envoyer un deuxième camion vers la Libye, vous êtes les bienvenus, n’hésitez pas à nous apporter votre production ».

Verdir le désert, le défi de la gestion de l’eau

Dans le sud de la wilaya de Khenchela, la terre est fertile et toutes sortes de légumes sont produits sous serre. Les autorisations de forage délivrées par les autorités et le raccordement des concessions agricoles au réseau électrique ont permis une nette augmentation des surfaces. En septembre dernier les producteurs se félicitaient de la production de haricots et de fèves mais se désolaient de l’état des pistes. 

Pour les producteurs du désert des Nemencha, le défi est maintenant de s’assurer d’un développement durable profitable à tous, notamment à travers la gestion des ressources en eau, et de permettre aux éleveurs de moutons l’accès aux parcours steppiques.

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