L’Algérie a suspendu le 8 juin dernier le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne. Une mesure prise en représailles au revirement du gouvernement espagnol sur le conflit au Sahara occidental. Le même jour, l’Algérie a décidé de geler les échanges commerciaux avec l’Espagne. Trois mois après, jour pour jour, le statu quo persiste.
Une source douanière algérienne citée ce jeudi par l’agence de presse espagnole EFE a confirmé que les relations commerciales sont à l’arrêt.
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« Il n’y a pas d’autorisation pour les marchandises en provenance d’Espagne », a fait savoir cette source qui a requis l’anonymat.
Le 30 juillet dernier, l’agence officielle APS a publié un article affirmant que « les allégations colportées, en ce moment, par certains médias sur une prétendue reculade de l’Algérie concernant ses relations commerciales avec l’Espagne sont erronées, car aucune information officielle n’a été rendue publique à ce sujet par les autorités ou les institutions compétentes ».
Cette mise au point a été publiée, après la révélation par les médias, d’une nouvelle note de l’Abef, annonçant la levée du gel des relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne.
Acculé par la crise énergétique consécutive au conflit en Ukraine et les menaces russes de fermer le robinet du gaz à l’Europe, Madrid tente de se rapprocher d’Alger. Fin août, au cours d’une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz, à Merseburg (Allemagne), le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a émis publiquement son souhait de visiter l’Algérie.
Un clin d’œil qui n’a suscité aucune réaction à Alger. « Personnellement, je crois que l’Espagne doit d’abord corriger ses divagations avant qu’une visite à ce niveau ne soit possible », a estimé une source diplomatique citée par l’agence EFE, en référence à la nouvelle position espagnole sur la question du Sahara occidental.
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Le 18 mars dernier, le cabinet du roi Mohamed VI a annoncé le soutien de Madrid au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, ce qui a plongé les relations entre l’Algérie et l’Espagne dans une grave crise.
Gaz : l’Algérie retrouve sa place de premier fournisseur de l’Espagne
Selon nos informations, le gouvernement algérien n’a reçu aucune demande officielle de Pedro Sanchez pour venir en Algérie. Pedro Sanchez s’est contenté d’exprimer son souhait de faire cette visite devant les médias, sans l’exprimer officiellement à Alger.
L’agence EFE constate que le souhait exprimé par Pedro Sanchez de visiter l’Algérie n’a suscité aucune réaction de la part des autorités algériennes. Alger, qui tient Pedro Sanchez pour responsable dans la crise entre les deux pays, ne semble pas prête de pardonner au président du gouvernement espagnol.
Depuis le déclenchement de la crise en Ukraine, la question énergétique s’est immédiatement posée, sur fond de craintes des Européens de manquer de gaz pour se chauffer à l’hiver. Pays gazier, l’Algérie s’est révélée indispensable aux yeux de pays comme l’Italie et aussi la France, pour s’approvisionner en gaz.
L’Italie a réussi à obtenir de l’Algérie une hausse conséquente de ses importations de gaz et la France cherche aussi à obtenir plus de gaz algérien.
Lors de sa visite en Algérie du 25 au 27 août, le président français Emmanuel Macron, le sujet du gaz a été évoqué et des médias français ont fait état de discussions entre les groupes Engie et Sonatrach pour des livraisons de GNL.
Le président du Conseil européen en visite le 5 septembre a qualifié la coopération énergétique avec l’Algérie d’ « essentielle », ajoutant que l’Algérie est « un partenaire fiable, loyal, engagé sur le terrain de cette coopération en matière énergétique ».
Avec l’Espagne la coopération énergétique ne semble pas avoir souffert de la crise politique avec l’Algérie. Selon le journal espagnol El confidencial, l’Algérie a repris sa position de principal fournisseur de gaz naturel à l’Espagne en juillet.
« Après six mois consécutifs de leadership américain, le pays maghrébin est devenu en juillet le premier exportateur vers notre pays, comme il l’était jusqu’à ce que le début de la guerre en Ukraine et la crise diplomatique entre Madrid et Rabat », ajoute le journal.
La publication précise néanmoins que les importations sont inférieures de 47,1 % par rapport à ce qu’elles étaient à la même date l’année dernière, « lorsque le gazoduc Maghreb-Europe, l’une des deux voies par lesquelles l’hydrocarbure algérien entrait dans la péninsule, était encore exploité ».
L’Algérie a fourni 23,4% du gaz qui a été importé par l’Espagne en juillet dernier, selon la même source.