L’Algérie et l’Espagne sont en crise ouverte depuis mars dernier à cause de l’alignement du gouvernement espagnol sur les thèses marocaines dans le dossier du Sahara occidental.
Un journal espagnol explique comment le Maroc fait tout pour éviter un rapprochement entre les deux capitales.
L’Algérie a rappelé son ambassadeur à Madrid et suspendu le commerce extérieur avec l’Espagne ainsi que le traité d’amitié qui la liait à ce pays depuis 2002.
Des propos tenus le 23 août par le plus haut représentant européen pour les affaires étrangères, Josep Borrell, ont été interprétés comme un premier pas vers le règlement de la crise entre Alger et Madrid.
| Lire aussi : Le Maroc accentue son isolement au Maghreb
Josep Borrell, lui-même ancien membre du gouvernement espagnol en tant que ministre des Affaires étrangères, a déclaré à la télévision espagnole TVE que « la position du gouvernement espagnol, et celle de l’UE, est de défendre la tenue d’une consultation pour que le peuple sahraoui puisse décider de la manière dont il souhaite son avenir ».
Plus explicite, il a exhorté les parties à « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, fondée sur un compromis qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
Ces propos tranchent foncièrement avec la teneur de la lettre du président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez au roi Mohammed VI dans laquelle il a apporté le 18 mars dernier son soutien au plan d’autonomie marocain.
D’ailleurs, la déclaration de Borrell a été très vite saluée par le front Polisario et l’Algérie. Elle a été interprétée comme étant une manière d’agir pour le compte du gouvernement espagnol qui chercherait à amorcer une sortie de crise avec Alger.
“Ce sont les manières de la diplomatie marocaine”
Mais, indique le journal espagnol El Confidencial, cette tentative de rapprochement a été sabordée par le Maroc. « Les pressions marocaines font avorter la tentative de rapprochement de l’Espagne avec l’Algérie pour surmonter la crise », écrit le journaliste Ignacio Cembrero.
Selon la même source, Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, a rapidement fermé cette « fenêtre d’opportunité ». « Il a passé de nombreux appels à Borrell pour lui demander de rectifier sa position et à Albares pour réitérer le soutien de l’Espagne au plan d’autonomie pour le Sahara sous souveraineté marocaine ».
Les démarches du ministre marocain ont eu un effet, ajoute El Confidencial puisque dès le lendemain, le 24 août, M. Borell a appelé l’agence de presse EFE pour rectifier ses propos.
« Nous préconisons que la solution au problème du Sahara soit une solution convenue entre les parties dans le cadre des résolutions des Nations unie », a-t-il déclaré, sans faire mention du mot « autodétermination ». « La position du gouvernement espagnol n’est pas contradictoire, elle n’est pas incompatible avec celle de l’UE sur la question du Sahara », a-t-il enfoncé.
Le même jour, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares a réitéré sur la radio Cadena SER la validité de la position de Madrid en faveur du plan d’autonomie.
El Confidencial rapporte que Borrell avait prévu de se rendre au Maroc en septembre, mais la presse officielle marocaine, puis l’agence de presse EFE ont annoncé le week-end dernier que sa visite était annulée.
Nasser Bourita a transmis la nouvelle de l’annulation à la presse, mais ne l’a pas communiquée à Bruxelles, où elle n’était pas connue. « Ce sont les manières de la diplomatie marocaine », commente pour le journal un diplomate européen.