Politique

Algérie-Espagne : de nouvelles retombées de la crise

Le revirement du gouvernement espagnol sur le dossier du Sahara occidental est très lourd de conséquences pour les relations avec l’Algérie.

Depuis l’annonce par cette dernière de la suspension du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne, le 8 juin dernier, les retombées sur la coopération et les échanges entre les deux pays sont nombreuses.

Alors que politiques et hommes d’affaires se plaignent du blocage du commerce entre les deux pays, la presse espagnole fait état de répercussions de la crise sur la coopération dans le domaine sécuritaire, notamment dans la lutte antiterroriste.

En choisissant en mars dernier le camp du Maroc, dont il a décidé d’appuyer le plan d’autonomie au Sahara occidental, le gouvernement de Pedro Sanchez avait mis en avant les intérêts de son pays, considérant que le royaume est un partenaire important notamment dans la lutte contre les flux de migrants.

Le revirement historique est d’ailleurs survenu après une grave brouille entre les deux États dans laquelle le Maroc a exercé un chantage migratoire en laissant des milliers de migrants prendre d’assaut les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.

Le gouvernement socialiste semble avoir perdu de vue l’importance de l’Algérie en tant que partenaire sécuritaire, en plus d’être un partenaire économique de premier ordre.

Quatre mois après le début de la crise, on fait état en Espagne de la réduction de la coopération de l’Algérie sur les questions sécuritaires. Selon le journal El Espanol, l’Algérie a drastiquement réduit ces derniers mois sa coopération avec l’Espagne, coupant avec les services secrets et autres services de sécurité toutes sortes d’échanges qui ne sont pas « essentiels ou vitaux ».

Le journal, citant des sources du ministère de l’Intérieur et du renseignement étatique, rapporte que « le flux d’informations avec leurs homologues algériens a diminué depuis la décision de Pedro Sánchez de soutenir le plan marocain d’autonomie du Sahara sous sa souveraineté ».

Ainsi, ajoute la même source, les deux pays continuent de coopérer sur les questions terroristes, mais avec beaucoup « moins d’intensité qu’auparavant ».

Le flux de données pertinentes provenant de spécialistes du domaine en Algérie est à « son niveau minimum », se limitant à des alertes aux experts de la lutte antiterroriste sur des profils dangereux qui parviennent à pénétrer sur le territoire espagnol après avoir démarré depuis les côtes algériennes.

Après le bœuf, l’agneau

Les sources d’El Espanol indiquent que l’Algérie a par exemple mis en garde ces derniers mois contre l’entrée « en Europe de radicaux en utilisant les routes de l’immigration clandestine dans des bateaux qui arrivent en Espagne depuis les côtes algériennes ».

« Au moins les minima sont respectés », indiquent les mêmes sources, assurant que l’Algérie a prévenu les Espagnols ces derniers mois de l’entrée par cette voie de dangereux islamistes, pour la plupart, des « radicaux » ayant purgé leur peine en Algérie.

Sur un autre registre, la presse espagnole signale des répercussions de la crise sur les exportations espagnoles de bœufs et d’agneaux.

Selon la radio Cadenas Ser, les professionnels espagnols déplorent que les achats de bœuf et d’agneau vivants auprès des producteurs espagnols ont ralenti en provenance du Maghreb. Une baisse qui ne peut s’expliquer que par l’arrêt des commandes à partir d’Algérie.

Toutes ces retombées devraient mettre encore plus en difficulté le gouvernement de Pedro Sanchez, très critiqué en interne pour avoir mis en péril les relations avec un partenaire de premier ordre tant sur le plan économique que sur celui de la coopération sécuritaire.

 

 

 

 

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