Elisabeth Moore Aubin, ambassadrice des États-Unis en Algérie a répondu ce lundi aux questions concernant les risques de sanctions américaines, le Sahara occidental, la coopération économique entre les deux pays…
Dans son allocution introductive de la conférence de presse, elle a fait un subtil plaidoyer en faveur de la liberté de la presse, qu’elle qualifie « de l’une des valeurs les plus chères » aux États-Unis.
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« Je crois que ce genre d’engagement est vital pour promouvoir la libre circulation de l’information », dit-elle. C’est ainsi qu’elle répond sans tabou à toutes les questions. Ou presque.
Mme Aubin refuse catégoriquement d’évoquer le projet d’adhésion de l’Algérie au groupe des Brics ou les relations algéro-chinoises.
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Sur le reste, la diplomate s’est longuement étalée, particulièrement sur le partenariat économique entre l’Algérie et les États-Unis. « En tant qu’ambassadrice, ma plus grande priorité est de continuer à développer notre fort partenariat économique », précise-t-elle d’ailleurs.
« Les États-Unis seront un partenaire de premier ordre pour l’Algérie », assure-t-elle, ajoutant que les entreprises américaines pourront contribuer à la diversification de l’économie algérienne.
Des missions économiques, en dehors du secteur des hydrocarbures, sont échangées, couvrant plusieurs domaines comme les énergies renouvelables, les ressources en eau et l’industrie pharmaceutique.
« Puisque l’Algérie cherche à diversifier son économie, nous aspirons à un partenariat gagnant-gagnant, surtout que l’Algérie a les potentialités nécessaires », indique l’ambassadrice qui répète ce qu’elle avait déclaré en juin dernier à la Foire internationale d’Alger, à savoir que les entreprises américaines apportent une valeur ajoutée car elles ne ramènent pas des expatriés, préférant former des cadres et des techniciens algériens.
Les entreprises américaines sont prêtes à investir en Algérie, mais pas à n’importe quel prix, semble vouloir signifier l’ambassadrice. « Les sociétés américaines ont besoin de certaines conditions pour investir en Algérie. Elles souhaitent évoluer dans un environnement sûr, stable et sans entraves notamment pour le transfert des dividendes », soutient-elle.
« L’Algérie est un partenaire stratégique et important »
À la dernière foire d’Alger, les États-Unis étaient le pays invité d’honneur. Dans un discours prononcé à l’occasion, Mme Aubin avait pointé du doigt les entraves et les insuffisances du climat des affaires en Algérie. Mais depuis, assure-t-elle, « la nouvelle loi sur l’investissement a pris en charge toutes ces questions ».
Elle annonce d’ailleurs des projets de partenariat concrets, comme la construction d’un hôpital à Blida ou d’une ferme de production de crevettes à Relizane et d’autres encore qui seront annoncés ultérieurement.
Ce partenariat économique est aussi appelé à être boosté par l’ouverture d’une ligne aérienne Alger-New-York, sur laquelle « les discussions sont en cours ».
Au chapitre de la coopération culturelle, l’ambassadrice américaine a annoncé la prochaine ouverture d’un autre centre culturel de son pays à Béchar, qui s’ajoutera à ceux d’Alger, Oran, Ouargla et Constantine.
Elle s’est dite aussi très attachée à la promotion de l’apprentissage de l’anglais, à travers les nombreux programmes de l’ambassade, dont un destiné aux responsables algériens pour leur permettre de « maîtriser l’anglais afin de pouvoir s’adresser à leurs vis-à-vis étrangers et prendre connaissance des rapports rédigés en anglais ».
Viennent ensuite les questions politiques, dont celle très attendue de l’appel lancé par des parlementaires américains pour imposer des sanctions à l’Algérie pour ses achats d’armes à la Russie.
Mme Aubin ramène d’abord l’initiative à sa véritable dimension, soulignant qu’elle émane d’un sénateur et de 27 membres de la chambre des représentants, alors que les deux chambres du Congrès sont composées de 535 parlementaires.
« Bien sûr, la question de l’armement est importante pour les États-Unis. Mais dans le même temps, poursuit-elle, l’Algérie est un partenaire stratégique et important pour les États-Unis. Pour les partenaires qui font des achats d’armes auprès de la Russie, nous avons préconisé une diversification des sources d’approvisionnement auprès de fournisseurs non russes et nous avons entendu les responsables algériens déclarer qu’ils étaient engagés à diversifier les sources des stocks de défense ».
Sahara occidental : une solution sous l’égide de l’ONU
Entre l’Algérie et les États-Unis, il y a un dialogue « stratégique, politique et de défense » et il y a des discussions concernant l’Afrique et le Sahel, indique la diplomate à propos de la situation dans cette région.
« Les deux pays souhaitent la stabilité de la région. La partie américaine obtient des conseils de l’Algérie. Nos deux pays sont concernés par le problème du terrorisme et de l’extrémisme dans la région du Sahel. On est toujours en discussion directe avec la partie algérienne », dit-elle, ajoutant que l’Algérie et les États-Unis fournissent des efforts pour donner « des opportunités économiques » aux pays du Sahel pour les aider à se développer et à « se défaire de l’extrémisme ».
Sur la question du Sahara occidental, Elisabeth Aubin assure que son pays et l’Algérie partagent le même avis quant à la nécessité d’une solution sous l’égide de l’ONU, à travers l’Envoyé personnel Staffan De Mistura.
« Le conflit a trop duré, 47 ans. Les États-Unis réaffirment qu’ils souhaitent une solution politique sous l’égide des Nations-Unis », déclare-t-elle. Quant aux manœuvres militaires African Lion, menées avec le Maroc, l’ambassadrice assure qu’elles n’ont jamais eu lieu sur des « territoires contestés », ajoutant que « les États-Unis ont de bonnes relations aussi bien avec le Maroc qu’avec l’Algérie ».
Sur la question palestinienne, les deux pays convergent aussi selon la diplomate américaine, en soutenant tous les deux la solution à deux États.
Mme Aubin saisit l’occasion pour « saluer » l’Algérie pour ses efforts pour réunir les factions palestinienne, et pour l’organisation du Sommet arabe, qualifié de « grand succès ».
Les États-Unis y ont pris part « pour la première fois », en tant que pays observateur, rappelle-t-elle. Autre action de l’Algérie saluée par l’ambassadrice américaine, ses efforts pour contribuer à « faire face » à la crise énergétique induite par la guerre en Ukraine.