Le lobbying marocain ne lâche pas l’Algérie. Un sénateur républicain américain connu pour ses actions en faveur du royaume est revenu à la charge en appelant à des sanctions contre l’Algérie.
Curieusement, la sortie de Mario Rubio est survenue le jour même de l’audience accordée par le chef d’état-major de l’armée algérienne à l’ambassadrice des États-Unis à Alger, jeudi 14 septembre.
Marco Rubio est connu pour ses actions de lobbying en faveur du Maroc. Avec l’autre sénateur Ted Cruz, il a eu des activités rémunérées par le gouvernement marocain à travers la société JPC Stratégies, appartenant au chef de cabinet Cruz, Jeff Christopherson. Comme l’attestent des documents de la société, les deux hommes ont perçu au moins 445 000 dollars.
On prête d’ailleurs à Cruz le retard mis pour l’installation de l’ambassadrice des États-Unis en Algérie, Elisabeth Moore Aubin, nommée en 2021 mais qui n’a pris ses fonctions qu’en 2022.
Cette fois, son ami Rubio met à profit la conjoncture internationale marquée par la guerre en Ukraine pour appeler carrément à des sanctions contre l’Algérie à cause des achats d’armes qu’elle effectue auprès de la Russie.
Dans une lettre au secrétaire d’État Antony Blinken, le sénateur, qui est vice-président de la commission du renseignement du Sénat américain, désigne l’Algérie comme l’un des principaux clients de l’industrie russe de l’armement.
« L’Algérie fait également partie des quatre principaux acheteurs d’armes russes dans le monde, culminant avec un accord d’armement de 7 milliards de dollars en 2021 », écrit-il.
Estimant que « l’afflux d’argent de toute source vers la Russie ne fera que renforcer la machine de guerre russe en Ukraine » et que « les sanctions qui s’offrent (…) n’ont pas encore été utilisées », Marco Rubio « encourage » Blinken à « prendre au sérieux la menace » russe et à « désigner de manière appropriée les parties dont l’achat important de matériel russe permet les actions déstabilisatrices de la Russie ».
« Déférence » envers l’Occident
Le sénateur s’appuie sur un texte adopté en 2017, le Countering América’s adversaries trough sanctions act (loi sur la lutte contre les adversaires de l’Amérique par les sanctions).
M. Rubio souligne que l’article 231 du texte ordonne au président américain de prendre des sanctions contre les parties « engagées dans des transactions importantes » avec les secteurs de la défense et du renseignement russes, et rappelle que « le président a délégué ce pouvoir au secrétaire d’État ».
Un projet de loi similaire a été récemment adopté par la chambre des représentants et a suscité de vives réactions en Afrique. Il s’agit du Countering Malign Russian Activities in Africa Act (Loi sur la lutte contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique).
En vertu de ce texte, les États africains ne pourront pas acheter de pétrole à la Russie et ne seront autorisés à lui acheter des céréales que s’il est prouvé qu’elles « n’ont pas été volées à l’Ukraine ». Les Américains estiment que les revenus du pétrole contribuent à soutenir l’effort de guerre de la Russie.
Lors du déplacement d’Antony Blinken en Afrique du Sud début août, son homologue sud-africaine a vivement critiqué le texte et appelé le Sénat américain à le rejeter, estimant qu’il est destiné à sanctionner les États africains qui ne font pas preuve de « déférence » envers les Occidentaux.