À quelques jours du 60e anniversaire de l’indépendance, le président de l’association France-Algérie, et ancien ministre français de l’Économie, Arnaud Montebourg, appelle à écrire une nouvelle page dans les relations entre l’Algérie et la France.
En premier lieu, Arnaud Montebourg annonce son communiqué adressé à TSA ce jeudi 30 janvier sa présence aux festivités du 60e l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet à Alger. Ensuite, il rappelle que la relation entre la France et l’Algérie « n’a cessé d’être présente » dans le débat de la dernière élection présidentielle française.
« Certains ont manifesté ouvertement leurs nostalgies du passé colonial », a-t-il dit, allusion à l’extrême-droite française dont un député, José Gonzalez, qui a évoqué « l’Algérie française » lors de l’ouverture de la session à l’Assemblée nationale française, mercredi 29 juin.
Arnaud Montebourg poursuit en indiquant que le « passé colonial entre les deux pays alimente beaucoup de commentaires en Algérie, comme par exemple à l’occasion de la célébration du 8 mai 1945, qui signifie Libération en France mais massacres de Sétif, Guelma et Kherrata de l’autre côté de la Méditerranée.
Arnaud Montebourg, fier de revendiquer ses origines algériennes, renvoie dos-à-dos les extrémistes des deux pays et assène : « De part et d’autre, il y avait un grand absent : l’avenir ! »
Jugeant que « ranimer les plaies, les souffrances et les deuils ne ferait que nourrir les rancœurs, de part et d’autre, sans pouvoir les dépasser », Arnaud Montebourg plaide pour la construction de projets communs entre les deux pays.
« C’est en nous projetant vers l’avenir, en bâtissant des projets communs que nous condamnerons le mieux l’erreur historique de la colonisation. Ranimer les plaies, les souffrances et les deuils ne ferait que nourrir les rancœurs, de part et d’autre, sans pouvoir les dépasser », estime Arnaud Montebourg.
Pour le président de l’association France – Algérie, « l’histoire relève des historiens » et « l’avenir se construit avec les peuples. « Et nous avons tant en partage ! Tant de nos compatriotes ont leurs racines en Algérie, formant un pont vivant entre les deux rives. L’usage d’une même langue crée des liens incomparables », énumère Arnaud Montebourg, en soutenant que l’Algérie et la France ont tout à gagner à « construire un avenir ensemble ».
« Dans la tourmente économique de la mondialisation, nos intérêts sont si semblables : ni la France, ni l’Algérie ne veulent être emportées par des courants qu’ils ne maîtrisent pas, par une globalisation sans règle qui les mine, par des défis climatiques qu’ils veulent relever. Les ressources énergétiques de l’Algérie sont décisives ; de l’autre rive, la France peut soutenir l’investissement industriel, technologique, numérique, agricole que les Algériens veulent développer », propose Arnaud Montebourg.
« Le passé ne doit pas être oublié »
Pour le président de l’association France – Algérie, bâtir un avenir commun implique de se parler ouvertement et de se poser des questions pouvant soulever des débats.
« Quand trop de militants du hirak ou des journalistes sont poursuivis ou emprisonnés ; quand ils voient disparaître un journal, ils ne se croient pas obligés de fermer les yeux, ils s’interrogent. Quand des voix nostalgiques de la colonisation s’élèvent en France, ils les combattent. Nous n’avons pas de leçon à donner et nous n’avons jamais pratiqué l’ingérence : mais soulever des questions -qui peuvent se poser dans tous les pays du monde se réclamant de la Déclaration universelle des droits de l’homme- relève de la simple et naturelle solidarité. Et cela peut et doit nourrir des débats fructueux car nos amis algériens sont également exigeants à notre égard », soutient Arnaud Montebourg qui a des origines algériennes par son grand-père.
Le président de l’association France-Algérie juge qu’il est temps de se libérer d’un « passé dramatique dont nous ne fûmes pas les acteurs. »
» Prenons au contraire le risque de nous engager dans des projets d’avenir, dans le domaine agricole, industriel, énergétique, technologique, numérique, universitaire, dans la coopération en matière de santé, dans les co-éditions, les productions cinématographiques conjointes », suggère Arnaud Montebourg.
« Le passé ne doit pas être oublié, mais c’est en construisant l’avenir que nous serons à la hauteur des devoirs qu’inspirent ceux qui se sont battus pour la liberté (…) je forme des vœux pour qu’ainsi s’engendre un nouveau départ de nos relations fondé sur l’amitié, l’estime, le respect », conclut Arnaud Montebourg.