La Première ministre française Elisabeth Borne est attendue dimanche 9 octobre en Algérie pour une visite de 48 heures, avec au menu plusieurs sujets comme les visas, le gaz et la lutte contre l’immigration clandestine.
Il s’agit de son premier déplacement à l’étranger depuis sa nomination en mai dernier, un déplacement qui survient un peu plus de deux mois après celui du président Emmanuel Macron en Algérie fin août.
L’Algérie et la France semblent avoir dépassé leur brouille et veulent ouvrir une nouvelle page dans leurs relations, pour « un partenariat renouvelé », comme ils se sont engagés dans la déclaration d’Alger fin août dernier.
Signe que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient ces dernières années entre Alger et Paris, Mme Borne aura à présider dans la capitale algérienne, avec son homologue Aïmene Benabderrahmane, la 5e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), qui ne s’est pas réuni depuis 5 ans à cause des brouilles successives qui ont émaillé la relation entre les deux pays.
En 2021, le CIHN a été reporté parce que le Premier ministre d’alors, Jean Castex, avait prévu de se déplacer à Alger avec une petite délégation.
Ce qui ne sera pas le cas de Mme Borne. Selon le Figaro, elle sera accompagnée de pas moins de 16 ministres, dont des poids lourds du gouvernement, soit la moitié de son équipe.
Le journal français cite Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Catherine Colonna, respectivement ministres de l’économie, de l’Intérieur et des Affaires étrangères.
Il y aura aussi les ministres du Travail, de la Transition énergétique, de l’Éducation et de la Culture ainsi que plusieurs autres membres du gouvernement et des hommes d’affaires.
Le déplacement d’une forte délégation française en Algérie dénote à la fois du réchauffement des relations entre les deux parties, de l’importance accordée à cette session du CIHN et de la multitude de sujets devant être abordés. « Tous les sujets seront abordés », assure à TSA une source proche de la visite.
Visas Algérie – France : possible dénouement
Il s’agit d’un « processus de normalisation à tous les niveaux », indique un ministre français cité par le même journal.
Lors de la visite d’Emmanuel Macron en août dernier en Algérie, plusieurs secteurs porteurs et prioritaires ont été identifiés pour relancer le partenariat économique, à savoir le numérique, les énergies renouvelables, les métaux rares, la santé, l’agriculture et le tourisme.
Les entreprises françaises ont cédé du terrain ces dernières années en Algérie à des opérateurs d’autres pays, notamment chinois et turcs. Le réchauffement politique peut être un prélude à un redéploiement et une redynamisation des investissements français en Algérie.
Il sera également question de la jeunesse, axe central du partenariat renouvelé entre l’Algérie et la France.
De nombreux autres dossiers sont en suspens et devraient être au menu des discussions, à commencer par la question des visas et des reconduites aux frontières des clandestins algériens en situation d’expulsion en France.
Cette question est l’une des causes directes de la crise entre les deux capitales de l’automne 2021.
Pour amener le gouvernement algérien –et ceux des autres pays du Maghreb- à délivrer des laissez-passer consulaires à leurs ressortissants faisant l’objet d’une procédure d’expulsion du territoire français, Paris a procédé à une réduction drastique du nombre des visas à délivrer aux demandeurs de ces pays.
La mesure n’a pas produit l’effet escompté. Elle a au contraire aggravé la crise et même le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fini par reconnaitre qu’il ne s’agissait pas de la meilleure approche.
Cette question pourrait connaître son dénouement lors de la visite de Mme Borne en Algérie, selon nos sources.
La question de l’énergie est aussi inévitable, à l’approche d’un hiver difficile redouté en Europe à cause des incertitudes sur les livraisons de gaz russe.
Au cours de son séjour algérois, Elisabeth Borne devrait présider un forum d’affaires algéro-français, se rendre au lycée français d’Alger et rencontrer des membres de la société civile algérienne et de la communauté française établie en Algérie.
Enfin, geste très symbolique sachant les frictions entre les deux pays sur la question mémorielle, la Première ministre devrait déposer des gerbes de fleurs au sanctuaire du Martyr et au cimetière chrétien de Saint-Eugène.