Politique

Algérie-France, crimes coloniaux, Gaza : ce qu’a dit Dominique de Villepin à Alger

Dominique De Villepin est en Algérie. L’ancien Premier ministre français aux convictions chevillées au corps a sans surprise défendu la cause du peuple palestinien. Il a aussi évoqué le passé colonial de la France en Algérie, estimant que le dossier a besoin de « maturité » et d’être traité « étape par étape ».

De Villepin, qui a appelé il y a six ans à Alger au retour de la parole algérienne sur la scène internationale, a disserté sur les questions internationales de l’heure devant les étudiants de la faculté des sciences de l’information et de la communication de l’Université d’Alger.

Des personnalités d’horizons divers ont tenu à assister à la conférence intitulée « La nouvelle donne internationale » de celui qui a été aussi chef de la diplomatie française, dont le ministre de l’Enseignement supérieur Kamel Bedari, des diplomates, des responsables d’organisations de la société civile…

Dominique de Villepin à Alger : Israël utilise « l’arme de la désinformation »

En plus de l’agression militaire, Israël utilise aussi « l’arme de la désinformation » contre la bande de Gaza, a accusé De Villepin, citant en exemple les allégations, qui se sont avérées fausses, de viols et de meurtres d’enfants par le Hamas le 7 octobre dernier.

L’ancien Premier ministre a expliqué que « c’est dans ce genre de cas que nous avons besoin d’institutions qui nous permettent de dire (la vérité) », selon un compte rendu de l’agence officielle APS.

« Une chance d’avoir l’Algérie au Conseil de sécurité »

Saluant ce que fait l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU, De Villepin a estimé que « c’est une chance d’avoir l’Algérie comme membre non permanent » de cette institution, a rapporté pour sa part la Radio algérienne. « Le monde assiste impuissant à une logique de destruction et tous ces conflits sont, à mon sens, mémoriels », a-t-il déclaré.

Le contentieux mémoriel entre l’Algérie et la France a été justement évoqué par l’ancien chef de la diplomatie française, connu notamment pour le discours qu’il a prononcé le 14 février 2003 où il a exprimé le refus de son pays d’une intervention militaire en Irak.

Interpellé sur la question mémorielle, De Villepin a d’emblée souligné que « même un président n’a pas le pouvoir d’effacer, avec un petit chiffon, les drames du passé d’un seul coup ».

« Les crimes coloniaux ne peuvent pas être effacés, mais nous avons tous le devoir de les reconnaître. Mais, parfois, il faut des années pour établir la véracité de certaines situations et de certains faits », a-t-il dit, selon le quotidien El Moudjahid.

« Ça participe de toute une population », a-t-il jugé, estimant qu’il est important que « les actes concernant deux pays aussi proches que la France et l’Algérie ne soient pas détournés de leur vocation ».

Dans une France marquée par « la division et la progression de l’extrême-droite », des sujets qui « apparaissent aussi simples à régler, divisent », a-t-il souligné. Or, selon De Villepin, il est important d’ « avancer ensemble dans la plus grande unité possible de nos peuples, de nos sociétés et de nos dirigeants ».

L’ancien Premier ministre a salué ce qui a été fait jusque-là dans ce dossier, comme « le fait d’être capable de mettre un nom sur un visage, un nom sur une douleur (Maurice Audin, Ali Boumendjel), et de regarder en face des actes de torture, des actes ignobles, la question des essais nucléaires… ».

Algérie – France : le dossier mémoriel a besoin de « maturité »

S’agissant des excuses, De Villepin a estimé qu’ « on ne décrète pas par un mot ou une parole ». « Cette parole, a-t-il dit, peut être prononcée à un moment donné quand elle s’appuie sur des consciences partagées (…) Le mot doit arriver, le geste doit arriver à point nommé quand tout le travail a été fait ». L’orateur a beaucoup insisté sur cette « maturité » et ce « degré d’évidence » pour que personne ne puisse « instrumentaliser politiquement cette mémoire blessée ».

« L’Algérie et la France doivent faire émerger une vision partagée, basée notamment sur le multilatéralisme », a-t-il dit, en estimant important que « les choses soient faites au bon moment » et d’opérer « étape par étape ce cheminement », comme le font les dirigeants des deux pays.

« On peut sauter les étapes, on peut aller plus vite, une fois de plus ce qui m’importe c’est la relation entre nos deux pays », a-t-il conclu.

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