Les propos du président français Emmanuel Macron sur le système algérien et la colonisation continuent de susciter des réactions en France et en Algérie.
Mercredi, Abdelmadjid Chikhi, conseiller du président Abdelmadjid Tebboune en charge de la mémoire, les a qualifiés de « croassement ».
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Hier vendredi 28 octobre, c’est l’ex-président français François Hollande (2012-2017) de dire ce qu’il pense des propos de celui qui a été son ministre de l’Economie. L’ancien président socialiste a considéré que ce n’est pas à la France de juger les dirigeants algériens.
« Les rapports entre la France et l’Algérie, compte tenu de ce qui s’est produit, une guerre, sont des rapports extrêmement délicats. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas se dire un certain nombre de vérités, les uns et les autres (…) », a estimé François Hollande, sur le plateau de TV5 Monde. Toutefois, même s’il estime qu’il faut dire un « certain nombre de vérités », il considère aussi qu’il « ne faut pas avoir de mots qui puissent blesser. »
« Ce n’est pas à nous de juger les dirigeants de l’Algérie », a-t-il dit, en réponse à la question sur ce qu’a dit Emmanuel Macron sur le pouvoir algérien qu’il a qualifié de « système politico-militaire » qui exploite la « rente mémorielle depuis 1962. »
Le président français a tenu des propos au vitriol à l’égard du système algérien, dans un contexte de tensions entre les deux pays sur l’immigration, la réduction par Paris du nombre de visas Schengen accordés aux Algériens et la présence militaire française au Mali. Pour François Hollande, l’Algérie n’est pas un sujet tabou chez les politiques françaises, mais il y a une « forme de délicatesse dans les expressions à avoir ».
Bouteflika était devenue « fantomatique »
« Chaque fois que la France prend position sur les affaires intérieures de l’Algérie, ça lui revient en boomerang. Il faut faire attention et ne pas envenimer les choses », a enchaîné François Hollande, en soulignant que les « dirigeants algériens utilisent toujours les déclarations de la France pour des fins de politique intérieure ».
Evoquant une « bonne intention d’aller vers des travaux communs pour aller jusqu’au fond des sujets » de la part des présidents des deux pays, M. Hollande a affirmé qu’ « il n’y a pas de tabous ou d’interdits pour se prononcer sur les affaires algériennes, mais il y a une forme de délicatesse dans les expressions à avoir ».
L’ex-président français est revenu aussi sur sa dernière rencontre avec Abdelaziz Bouteflika en décembre 2017, soit un peu plus de deux ans, avant la révolution du 22 février 2019.
« Quand je l’ai rencontré, il n’était pas en forme au sens où il ne marchait plus, mais il avait un micro, sa voix était faible, mais ce qu’il disait juste, cohérent, et avec qui était sa qualité principale, une vision internationale qui était assez forte, notamment par rapport au problème qu’on avait au Mali et en Libye », a-t-il confié, en estimant que le 5emandat de Bouteflika a été considérée par le peuple algérien comme une atteinte à sa dignité, en ajoutant que l’ex-chef de l’Etat était devenue « fantomatique ».
« Cette réaction populaire ne s’est pas traduite par des évolutions politiques », a estimé François Hollande, en parlant du Hirak qui a empêché Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat à la tête de l’Algérie.