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Algérie – France : la stratégie de Retailleau ne fait pas l’unanimité

Algérie – France : la stratégie de Retailleau ne fait pas l’unanimité

Par luzitanija | Adobe Stock
France - Algérie

Les avis ne divergent pas : la relation entre l’Algérie et la France a atteint un seuil critique. L’extrême-droite et de nombreux médias s’acharnent sur l’Algérie et poussent vers la rupture alors que les voix qui appellent à la désescalade sont rares.

Mais la stratégie du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui est en première ligne dans le bras de fer avec l’Algérie, ne fait pas l’unanimité. Des voix commencent à s’élever pour appeler à la désescalade.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a accusé l’Algérie d’ « escalade », et si elle garde « cette posture », la France « n’aura d’autre choix que de riposter », a-t-il menacé vendredi. 

« Je pense qu’on a atteint avec l’Algérie un seuil extrêmement inquiétant », a déclaré pour sa part le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui réagissait jeudi au refus de l’Algérie d’accepter un individu expulsé de France pour « appels à la violence ».

Le même jour, Benjamin Stora, grand connaisseur de l’histoire et du présent des deux pays, partageait le constat.

"On est dans une situation critique (…) On est dans un moment de très forte intensité, qui n’a jamais été atteint auparavant », a jugé sur RTL l’auteur, en 2021, d’un rapport sur la réconciliation des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie, commandé par le président Emmanuel Macron.

Benjamin Stora a désigné du doigt « des lobbies qui instrumentalisent l’histoire et empêchent d’arriver à une relation stable et fraternelle entre les deux peuples » et des « puissances étrangères » qui « soufflent sur les braises ».

La relation s’est davantage dégradée avec cette affaire d’influenceurs algériens signalés pour des « appels à la violence », dont certains ont été interpellés et incarcérés.

Jeudi, la France a expulsé l’un d’entre eux, un certain « Doualemn », mais l’Algérie a refusé de l’accueillir et l’a renvoyé en France.

Les lobbies qui, en France, ne veulent pas d’une relation apaisée avec l’Algérie, redoublent de virulence. Sur les médias notamment d’extrême-droite, les personnages de la même mouvance s’adonnent à une surenchère dans les attaques et rivalisent de propositions pour punir le pays qui, selon eux, cherche à « humilier » la France.

Accord de 1968 : sa dénonciation « ferait revenir à une situation qui serait celle d’avant l’indépendance de l’Algérie »

Si les officiels évoquent désormais ouvertement la possibilité d’évoquer certains leviers, comme les visas, le commerce ou l’aide au développement, même si celle-ci est insignifiante, les voix d’extrême-droite vont plus loin.

Xavier Driencourt, devenu un pourfendeur acharné de l’Algérie où il a exercé deux fois comme ambassadeur, a suggéré de soumettre à autorisation le déplacement des diplomates algériens en France ou encore de suspendre les activités d’Air Algérie dans ce pays.

« Si la compagnie transporte des passagers qui ne peuvent pas descendre, interdisons Air Algérie. Eux, en rétorsion, interdiront Air France, mais qui des deux parties sera piégée ? », a proposé Driencourt dans Le Figaro.

L’autre visage de l’extrême-droite française, Philippe de Villiers, a crié sur CNwes à « une humiliation sans nom » après le renvoi par l’Algérie de l’influenceur expulsé par la France.

« On a l’impression qu’on passe de l’Algérie française à la France algérienne », a-t-il dit.

 

« Nous ne reconstruirons rien de sain si nous n’assumons pas une rupture claire avec eux. Nous avons des moyens de pression colossaux. Il suffit de s’y mettre », a lâché pour sa part l’eurodéputé Sarah Knafo, du parti d’Éric Zemmour.

Pendant que l’extrême-droite et la droite dure s’acharnent sur ce qui reste de la relation bilatérale, le reste de la classe politique se confine dans un silence gêné. Mais cela ne signifie pas qu’elle partage la ligne Retailleau.

Ce samedi, le député socialiste Jérôme Guedj a appelé à « éviter l’escalade » et exprimé son opposition à la dénonciation de l’accord de 1968. « La dénonciation de l’accord de 1968 ferait revenir à une situation qui serait celle d’avant l’indépendance de l’Algérie », a-t-il dit.

La dénonciation de l’accord de 1968 est l’une des principales revendications de la droite et de l’extrême droite depuis plusieurs mois. 

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