Cinq dossiers « lourds » empoisonnent les relations entre l’Algérie et la France, tout en constituant des obstacles pour la visite d’État que devrait effectuer le président Abdelmadjid Tebboune à Paris.
Malgré le réchauffement apparent, les rapports entre les deux pays sont gangrenés par les questions liées notamment à la mémoire et à la mobilité des personnes.
Dans un entretien avec la journaliste algérienne d’Al Jazeera, Khadidja Bengana, dont des extraits ont été diffusés cette semaine sur la plateforme Atheer de la chaîne qatarie, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a révélé l’existence de cinq dossiers en suspens entre l’Algérie et la France. « Nous avons cinq dossiers en suspens », a dit le chef de la diplomatie algérienne à la journaliste Khadidja Bengana.
Ahmed Attaf a ensuite détaillé la nature de ces dossiers « lourds » qui empêchent la tenue de la visite d’État du président Abdelmadjid Tebboune à Paris.
Il a cité dans l’ordre : la mémoire, la mobilité, la coopération économique, le Sahara et les conséquences des essais nucléaires et les archives.
Sur la mémoire, le ministre algérien a par exemple déploré le non de la France à la demande algérienne de restituer l’épée et le burnous de l’Émir Abdelkader qui se trouvent dans le château d’Amboise où celui qui a combattu la colonisation française a été emprisonné entre 1842 et 1852.
Selon Ahmed Attaf, l’Algérie a demandé ce « geste symbolique » à la France à l’occasion de la visite d’État que le président Abdelmadjid Tebboune envisage d’effectuer à Paris et durant laquelle il devait se rendre dans ce château. « Pour nous, l’épée et le burnous de l’Émir Abdelkader sont hautement symboliques », a-t-il dit.
Algérie – France : la relation bute sur cinq dossiers « lourds »
Maintes fois reportée, cette visite n’a pas pu avoir lieu jusqu’à présent, faute de « conditions exemplaires » pour sa tenue, selon le chef de la diplomatie algérienne.
Sur les essais nucléaires français effectués dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966, Ahmed Attaf a révélé que l’Algérie veut une « reconnaissance » et une « indemnisation » de la part de la France. « Nous n’avons pas eu d’accord dans ce domaine », a regretté Ahmed Attaf.
Pour Ahmed Attaf, la France n’est ni un pays ami, ni un pays ennemi. « C’est un partenaire. C’est une relation qui évolue », a-t-il résumé.
Au plan économique, Ahmed Attaf a déploré le refus de la France de la proposition faite par l’Algérie de créer un fonds d’investissement d’un montant de 100 millions d’euros. « Ils nous ont dit, on n’a pas besoin de Fonds », a révélé le chef de la diplomatie algérienne.
La création d’un fonds d’investissement commun figure dans la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé entre les deux pays qui a été signée le 27 août 2022 par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron à l’issue de la visite de travail effectuée par ce dernier en Algérie.
Le texte prévoit « l’appui à des projets d’investissement d’avenir en France et en Méditerranée, initiés notamment par les PME, à travers le Fonds de 100 millions d’euros pour les entrepreneurs issus de la diaspora maghrébine qui sera implanté à Marseille ».
Sur la mobilité, Ahmed Attaf n’a pas abordé ce dossier qui empoisonne, autant que les autres, les relations franco-algériennes dans un contexte marqué en France par les appels à la dénonciation de l’accord de 1968 qui régit l’immigration algérienne dans l’Hexagone. Ces appels sont accompagnés d’attaques récurrentes contre la communauté algérienne en France.
SUR LE MÊME SUJET :
Algérie – France, Palestine, accords de 1968 : entretien avec Karim Zéribi