Stéphane Romatet, ambassadeur de France en Algérie depuis juillet 2023, a dit dimanche 14 juillet que les deux pays ont « besoin l’un de l’autre ».
À sa nomination, il avait assuré être porteur d’un “agenda positif”. C’est dans le même esprit qu’il a évoqué la relation entre les deux pays à l’occasion de la célébration de la fête nationale française, dimanche 14 juillet au siège de sa résidence à Alger.
Stéphane Romatet a été désigné premier représentant de la France en Algérie dans un contexte de relations en dents de scie entre les deux pays.
Il a succédé à François Gouyette qui avait lui-même pris la place en 2020 de Xavier Driencourt, qui a fait deux passages en Algérie et qui est paradoxalement devenu après sa retraite, partisan d’une ligne dure à l’égard de l’Algérie, notamment sur les questions liées à l’immigration.
La célébration du 14 juillet cette année survient une semaine après des élections législatives françaises périlleuses pour l’avenir de la relation entre la France et l’Algérie.
Le Rassemblement national (RN), ouvertement anti-algérien sur de nombreuses questions, comme l’immigration, la mémoire et la politique maghrébine, est passé à deux doigts du pouvoir.
La parenthèse du scrutin législatif fermée, l’Algérie et la France peuvent se concentrer de nouveau sur l’agenda commun, notamment la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France prévue l’automne prochain. Une visite annoncée à l’occasion de celle d’Emmanuel Macron en Algérie en août 2022 mais reportée à plusieurs reprises.
“La France a besoin de l’Algérie”, assuré son ambassadeur à Alger
Les deux pays ont alterné ces dernières années les périodes d’entente et de crise. « Et face aux crises, notamment celles qui déstabilisent le Sahel, face aux défis sécuritaires, face à l’urgence climatique, face aux enjeux migratoires. J’ai une conviction, c’est que nous avons besoin l’un de l’autre », a déclaré Stéphane Romatet.
Du moins en ce qui concerne son pays, l’ambassadeur est formel. “En tout cas, je peux vous le dire assurément, la France a besoin de l’Algérie”, a-t-il ajouté.
La petite phrase du diplomate répond à l’interrogation qui a accompagné le dernier scrutin législatif dans son pays sur les intentions du courant extrémiste quant aux relations futures avec l’Algérie.
Romatet a aussi évoqué la dimension humaine de la relation. “Le destin de nos deux pays est intimement lié par l’intensité et l’imbrication de nos liens familiaux”, a-t-il rappelé.
À propos de la mémoire, le diplomate s’est aussi voulu positif. “L’histoire nous a séparés, opposés, déchirés, meurtris, et parfois, dans la nuit de nos souvenirs, cette histoire vient encore nous hanter”, a-t-il d’abord indiqué, avant d’exprimer sa conviction que “la géographie et l’avenir ne peuvent que nous rassembler”.
Stéphane Romatet a évoqué une relation “d’une proximité unique, d’une densité à nul autre pareil”, et assuré, partant de sa propre expérience, que l’Algérie est un “pays accueillant”, où chaque rencontre “est toujours une promesse”.
La France a « rejeté clairement la funeste tentation de l’extrême »
Sur les élections législatives en France, Stéphane Romatet a exprimé son soulagement après la défaite du courant extrémiste.
« La France traverse une période politique qu’on pourrait qualifier pour le moins de compliquée. Mais elle a, dimanche dernier, rejeté clairement la funeste tentation de l’extrême. Cette tentation qui aurait aussitôt plongé la relation avec l’Algérie dans une tragique régression », a dit M. Romatet.
Dans la foulée, l’ambassadeur de France a appelé à garde le cap. « Nous avons maintenant une responsabilité, un devoir : celui de garder le cap, celui d’aller de l’avant entre la France et l’Algérie, celui de continuer à travailler avec acharnement et avec détermination pour enrichir sans cesse davantage cette relation unique. »