Près de cinquante jours après l’éclatement de la crise entre les deux pays, la relation franco-algérienne n’est toujours pas revenue à son état normal. Cette crise a éclaté après la révélation samedi 2 octobre des propos que le président français a tenu jeudi 30 septembre à l’Elysée lors d’une rencontre sur la mémoire.
Emmanuel Macron a qualifié le système algérien de « politico-militaire » qui exploite la « rente mémorielle » depuis 1962 et surtout il s’est interrogé sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française en 1830. Des propos qui ont provoqué la colère d’Alger.
Le même jour, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et décidé de retirer l’autorisation accordée en 2013 aux avions militaires français de l’opération Barkhane au Mali.
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Les autorités algériennes ont multiplié les réactions de condamnation, même si le climat semble s’apaiser entre les deux pays depuis quelques jours, l’ambassadeur algérien n’a pas regagné Paris et les avions français sont obligés de faire un long détour pour opérer au Sahel.
Dans un entretien au journal Le Monde publié ce vendredi 19 novembre, Jean-Yves Le Drian a été interrogé sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française. Le ministre français n’a pas répondu directement. Il a rappelé que le président Macron « a pris des initiatives fortes, notamment dans le domaine sensible de la mémoire » et que l’Algérie et la France ont « des liens ancrés dans l’histoire. »
« Un partenariat ambitieux »
« Nous souhaitons que le partenariat franco-algérien soit ambitieux », a dit Le Drian en estimant « logique, quand on connaît notre histoire, qu’il y ait parfois des résurgences de blessures, mais il faut dépasser cela pour retrouver une relation confiante. »
« C’est ce que nous souhaitons, ce que souhaite le président de la République », a-t-il ajouté en affirmant qu’ « il y a parfois des malentendus, mais cela n’enlève rien à l’importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays ».
« Il faut conserver ce lien fait de respect des souverainetés et d’une volonté commune de dépasser les contentieux pour retrouver une relation apaisée », a soutenu Le Drian, qui a dit mercredi à l’Assemblée nationale française que « des efforts » ont été « engagés » afin de « rétablir les conditions d’une relation apaisée avec l’Algérie ».
Outre la mémoire, le traitement de la crise malienne est l’autre sujet qui alimente les tensions entre l’Algérie et la France. Paris est opposé à l’arrivée de la société privée de sécurité Wagner, bras armé de la Russie dans de nombreux conflits en Afrique et au Moyen-Orient.
Le 23 octobre, Le Monde expliquait qu’une éventuelle présence russe au Mali via Wagner n’est pas perçue à Alger comme « un repoussoir ». Le même jour, une source algérienne affirmait à TSA que « tout ce qui peut rééquilibrer la présence militaire française dans la région n’est pas forcément mauvais ».
Selon Le Drian, la France ne voit pas d’un mauvais œil un rôle accru de l’Algérie au Mali. « Il faut inscrire au bénéfice de leur action diplomatique la signature des accords d’Alger en 2015 [entre l’Etat malien et les groupes armés du nord] », a dit le chef de la diplomatie française. Tout en signalant que « ces accords sont anciens », il affirme qu’ « ils restent aujourd’hui encore la base des discussions. » « Nous ne voyons que des avantages à ce que l’Algérie s’inscrive plus fortement encore dans la mise en œuvre de ces accords », a-t-il affirmé.