Dans une conjoncture politique de ni brouille ni lune de miel, Alger et Paris ont repris contact, timidement et par la plus protocolaire des manières.
L’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a remis mercredi ses lettres de créances au président de la République Abdelmadjid Tebboune, au cours d’une cérémonie au cours de laquelle les chefs des missions diplomatiques de la Turquie, du Danemark et de la Corée du Sud ont également accompli cette étape protocolaire.
Dans sa déclaration après l’audience, M. Romatet a indiqué qu’il était porteur d’un “message personnel” du président Emmanuel Macron à son homologue algérien, sans bien entendu rien révéler de sa teneur.
Les entretiens téléphoniques entre les deux présidents algérien et français sont moins récurrents depuis quelques mois, sur fond de supputations sur une énième période de froid que traverseraient les relations entre les deux pays.
Annoncée pour mai puis pour juin dernier, la visite du président Tebboune à Paris n’a toujours pas eu lieu. Le président algérien s’est en revanche rendu à Moscou et Pékin et juin et juillet derniers.
Néanmoins, sa visite en France n’est pas annulée, comme il l’a lui-même assuré début août dernier. Dans un entretien avec des médias nationaux, le président Tebboune a indiqué que la visite est maintenue et que la partie algérienne attendait le programme de la part de la présidence française. Le président algérien a expliqué qu’une visite d’Etat n’est “pas une visite touristique” et qu’elle doit “déboucher sur des résultats”.
L’ambassadeur de France en Algérie : “Un agenda positif “
Cette sortie avait fait taire les rumeurs sur une nouvelle crise entre les deux capitales, renforcées quelques jours plus tôt par les critiques violentes émises par l’agence de presse officielle algérienne à l’égard de la chaîne de télévision publique française France 24, à laquelle était reprochée sa couverture des incendies qui avaient touché plusieurs régions d’Algérie fin juillet.
Les propos tenus à Alger par Stéphane Romatet sont très positifs et laissent entrevoir un nouveau départ pour la relation bilatérale.
Ils écartent en tout cas davantage l’hypothèse de nouvelles tensions. “J’entame ma mission par un agenda positif”, a-t-il dit, exprimant son enthousiasme de travailler dans un pays “si proche de la France”.
Le diplomate a décrit une relation “exceptionnelle de densité” et réitéré que “tant de choses relient les deux pays”, tenus d’être et de travailler ensemble par l’histoire, la géographie et “la densité des relations humaines et l’interdépendance des sociétés des deux pays”.
L’ambassadeur a plaidé pour un “dialogue confiant”, une “relation de proximité” et un “agenda commun”, en mettant à profit l’élection de l’Algérie au Conseil de sécurité pour “intensifier le dialogue sur les grandes questions politiques”.
La remise des lettres de créances de M. Romatet au président Tebboune survient après les rencontres entre le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf avec son homologue française Catherine Colonna à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.
Avant cette première rencontre entre les chefs de la diplomatie des deux pays, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères Lounes Magramane a co-présidé à Paris avec son homologue française Anne-Marie Descôtes la 10e session des consultations bilatérales algéro-françaises.