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Algérie : le mouton de l’Aïd el-Kébir 2024 viendra-t-il de Roumanie ?

Algérie : le mouton de l’Aïd el-Kébir 2024 viendra-t-il de Roumanie ?

Alors que les Algériens ont célébré mercredi 10 avril la fête de l’Aïd el-Fitr qui marque la fin du Ramadan, les débats sont lancés pour le mouton de l’Aïd el-Kébir 2024.

Suite au succès des importations de moutons durant le mois de Ramadan 2024, la Fédération algérienne des consommateurs suggère de réitérer l’opération à l’occasion de l’Aïd el-Adha 2024. L’idée serait de peser sur les prix actuellement au plus haut suite à la sécheresse de l’année écoulée.

« De nombreuses familles algériennes ne font pas le sacrifice à cause de la hausse des prix élevés du mouton. C’est une réalité. L’année passée, il n’y a pas eu de mouton pour l’Aïd el-Adha à moins de 60.000 dinars. Nous espérons que l’importation des moutons soit étendue à l’Aïd el-Kébir et vendre les animaux vivants pour permettre aux familles algériennes de célébrer cette fête », a soutenu le président de l’Association de protection des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi, dans un entretien à DZ News TV.

C’est lors d’un récent entretien accordé au quotidien Al-Khabar que Zaki Hariz, le président de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) a évoqué l’idée d’importer un million de têtes de moutons afin « de créer un équilibre entre l’offre et la demande » et de permettre aux « 9 millions de familles algériennes d’accomplir le rituel de l’Aïd el-Kébir » cette année.

Selon Al Khabar, une telle importation serait d’autant plus nécessaire que « les estimations du dernier recensement, qui a enregistré 17 millions de têtes de moutons au lieu de 29 millions de têtes ».

Cette demande de la FAC n’est pas nouvelle. Déjà en 2016, Zaki Hariz avait suggéré d’importer un million de têtes de moutons depuis le Soudan. À l’époque, l’ambassadeur du Soudan à Alger avait déclaré dans la presse que le prix du mouton « ne dépasserait pas les 10.000 DA ».

Selon les récentes déclarations de Merouane Kheir, président de la Fédération nationale des viandes, l’Algérienne des Viandes Rouges (Alviar) aurait reçu pour mission d’importer 100.000 têtes de moutons à partir de la Roumanie pour l’Aïd el-Kébir 2024. Cette mesure devrait assurer des prix se situant entre 45. 000 et 50.000 DA.

Mouton de l’Aïd el-Kébir 2024 : l’Algérie va-t-elle se tourner vers la Roumanie ?

L’année dernière a été une des pires années pour les éleveurs algériens à cause de la sécheresse. Dans plusieurs wilayas et notamment à l’Ouest du pays, il n’a pratiquement pas plu. La sécheresse qui a suivi a réduit l’offre des parcours naturels pour les moutons mais également celle de fourrages, d’orge et de paille.

Face au manque d’eau, dans de nombreuses wilayas, les autorités locales avaient alors multiplié les autorisations de forage. Autorisations qui parfois avaient dû être annulées au profit de l’adduction en eau potable des villes comme dans le cas de la wilaya de Tiaret où l’eau ne coulait plus qu’un jour sur sept au robinet dans certaines communes.

L’importation par l’Algérie de viande bovine à partir du Brésil mais également de viande de mouton depuis la Roumanie a permis aux services du ministère du Commerce de proposer durant le mois de Ramadan de la viande au tarif de 1.200 le kg contre 2.800 DA pour la viande locale.

Depuis plusieurs années, la Roumanie s’est spécialisé dans l’exportation de moutons sur pied hors des pays de l’Union européenne et notamment vers l’Arabie saoudite et la Jordanie.

Le recours aux importations est une question également étudiée au Maroc. Déjà des intermédiaires marocains reçoivent des cargaisons de moutons sur pied en provenance d’Espagne. Depuis deux années, des importations de moutons ont eu lieu à partir de la Roumanie dont 15.000 têtes en 2023.

Aïd el-Adha 2024 en Algérie : faut-il importer de l’orge ou des moutons ?

Est-il nécessaire d’importer un million de têtes de moutons ? Selon Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants, des investisseurs et des artisans, la demande pour la célébration de la la fête du sacrifice du mouton est de 3 millions de têtes en Algérie.

La nouvelle décision d’Alviar d’importer des moutons à cette occasion peut avoir un effet sur les prix de même que l’amélioration de l’offre en fourrages peut avoir le même effet. Parmi les charges, le poste alimentation est celui qui est le plus élevé.

Dans la mesure où les animaux destinés à l’Aïd el-Adha nécessitent d’être engraissés, l’amélioration de la disponibilité locale en orge est capitale. À ce titre, multiplier les importations de l’orge pourrait contribuer à réduire la tension sur les prix.

Par ailleurs, la période actuelle du printemps est propice à la production de fourrage. Les moissons effectuées dans les régions les plus précoces sont à même de fournir de l’orge, de la paille et des chaumes.

Souvent négligés, les sous-produits provenant des industries agro-alimentaires peuvent être d’un apport considérable pour l’alimentation du cheptel.

Si les issues de meunerie tel le son de blé sont particulièrement utilisées, ce n’est pas le cas de la mélasse issue de l’industrie locale de sucre roux.

Ce produit est totalement inconnu des éleveurs et une partie est exportée. L’ouverture de plusieurs usines de trituration de graines oléagineuses en Algérie comme celles géantes de Cevital à Bejaia et de Madar à Jijel devrait permettre progressivement une plus grande disponibilité en tourteaux, notamment de soja. Un sous-produit qui a sa place dans les rations d’engraissement.

Par ailleurs, la recherche agronomique locale a mis au point plusieurs types de rationnement à base de sous-produits, de sels minéraux et d’urée. Malheureusement, ce type d’aliment très présent en Égypte et en Irak reste pratiquement inutilisé en Algérie. La filière ovine reste également sous-encadrée malgré la formation par les universités locales d’ingénieurs et de vétérinaires.

Aïd el-Adha 2024, une saveur particulière

L’importation d’un million de têtes de moutons serait démesurée. Des importations bien inférieures pourraient avoir un effet sur les prix des moutons en Algérie.

Face à l’urgence de la situation, la filière ovine algérienne dispose d’atouts. Ainsi, il reste deux mois et dix jours avant l’Aïd el-Adha 2024 pour que les éleveurs engraissent leurs animaux. Par ailleurs, la période printanière est propice à une plus grande production fourragère.

De par le nombre d’emplois dans la filière ovine locale, il est plus profitable d’importer de l’orge que de procéder à l’importation d’animaux sur pied.

Ces dernières années, les initiatives prises par les autorités d’organiser des points de vente et de favoriser la vente directe entre producteurs et consommateurs a permis de réduire la tension sur les prix.

Dans la mesure où les prix sont élevés, ne faut-il pas faire de cette fête l’occasion de l’achat d’un mouton au niveau des grands parents et de réunir parents et petits enfants ?

Mouton de l’Aïd el-Kébir 2024 : le Maroc s’interroge ?

Si en Algérie le débat porte sur l’importation des moutons de Roumanie, au Maroc, des médias posent la question autrement.

Face à la sévérité de la sécheresse que connaît le Maroc, la presse locale évoque comme en Algérie la possibilité d’importations de moutons pour l’Aïd el-Adha mais va jusqu’à poser « la question de renoncer aux sacrifices du moutons ».

Comme en 2023, des voix se prononcent pour faire de l’Aïd el-Adha 2024 une fête sans sacrifice du mouton. Ce que le gouvernement semble rejeter puisque selon le site le360, les autorités marocaines ont décidé de subventionner l’importation du mouton pour l’Aïd el-Kébir, avec un quota fixé à 300.000 têtes d’ovins.

En Algérie, le mouton de l’Aïd el-Adha 2024 aura une saveur particulière. Mais sans aucun doute, l’agneau local élevé en steppe à partir des parcours d’alfa et d’armoise aura plus de saveur que celui des plaines de Roumanie.

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