L’Algérie a vécu une année noire au plan économique. En 2020, les exportations d’hydrocarbures, sa principale source de devises, ont plongé de 40 % à 20 milliards de dollars.
En volume, l’Algérie a produit moins de pétrole et de gaz qu’en 2019 (-11 %), selon les chiffres officiels. Ces baisses ont été accompagnées d’une dégringolade du dinar par rapport aux principales devises, l’euro (-22 %) et le dollar (-11 %). Le déficit de la balance commerciale s’est creusé davantage (-10,6 milliards de dollars) contre -6,11 milliards de dollars.
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À ces indicateurs qui sont tous au rouge s’est ajoutée à la baisse des investissements directs étrangers (IDE), qui se sont établis à 1,13 milliard de dollars en 2020, en baisse de 19 % par rapport à l’année auparavant, selon les données publiées par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD) dans son récent rapport sur les investissements mondiaux.
Le principal secteur ayant bénéficié des IDE en 2020 est celui des ressources naturelles, précise l’UNCTAD. « En 2020, l’Algérie a levé les restrictions qui plafonnaient la propriété étrangère à 49 %, à l’exception du commerce en détail et des secteurs stratégiques, y compris les infrastructures et la transformation des ressources naturelles », indique le rapport.
« Bien que cela pourrait encourager la diversification des IDE, l’impact peut n’apparaître qu’après une reprise plus générale des investissements étrangers », estime l’UNCTAD dans son rapport.
Les volumes des IDE poursuivent ainsi leur baisse. Les investissements directs étrangers qui s’établissaient à 1,38 milliard de dollars en 2019 étaient déjà en baisse par rapport à 2018 lorsqu’ils s’établissaient à 1,47 milliard de dollars.
En 2017, les IDE vers l’Algérie étaient de 1,23 milliard de dollars, en forte baisse par rapport à 2016 lorsqu’ils avaient atteint 1,63 milliard de dollars.
L’Algérie loin de l’Égypte et du Maroc
En dix ans, de 2010 à 2020, l’Algérie n’a attiré que 13,55 milliards de dollars d’investissements directs étrangers, contre 54,01 milliards pour l’Égypte, 25,41 milliards pour le Maroc et 9,58 milliards pour la Tunisie. Durant cette période, le Soudan qui faisait l’objet de sanctions américaines, avait attiré 12,5 milliards de dollars d’IDE, selon les chiffres contenus dans ce rapport.
Les IDE vers l’Algérie en 2020 se situent dans le ventre mou du Maghreb, supérieurs à ceux vers la Tunisie qui se sont établis à 652 millions de dollars, mais inférieurs aux IDE vers le Maroc, qui ont atteint 1,76 milliard de dollars en 2020. Au total, 10,1 milliards de dollars d’IDE sont allés vers l’Afrique du Nord en 2020, précise l’UNCTAD.
Dans son plan de relance économique 2020-2024 publié le 16 juin, le gouvernement avouait que l’investissement direct étranger en Algérie restait « faible ».
Selon le rapport, l’Algérie attire « très peu » les IDE dans la région Afrique du Nord, soit à « peine 10% en 2019. »
Autre tare : « L’essentiel de ces IDE se concentre dans le secteur de l’énergie et ne contribue pas à la diversification économique. Ceux-ci ont connu une baisse graduelle en passant de 2,3 milliards de dollars en 2010 à 1,38 milliards dollars en 2019 », énumère le rapport qui note un « désinvestissement en 2015 (-0,58 milliard de dollars) après le choc pétrolier de 2014. »
Le rapport explique que parmi les freins aux IDE dans les secteurs hors hydrocarbures, figurent le « climat des affaires, la réglementation sur le transfert des capitaux à l’étranger ou encore la loi imposant la participation d’une partie algérienne à un minimum de 51 %. »
« Cette loi a récemment été modifiée pour ne s’appliquer qu’aux secteurs stratégiques. La Crise de la Covid-19 a accentué un mouvement de régionalisation des chaines de valeur mondiales dont l’Algérie pourrait profiter pour relancer et diversifier son économie », estime le rapport établi par le gouvernement Djerad.