La relation diplomatique entre l’Algérie et le Maroc traverse une nouvelle crise ces dernières semaines, entretenue par des déclarations polémiques effectuées par des hauts responsables de part et d’autre de la frontière. TSA vous propose de revenir sur l’énième crise algéro-marocaine en trois actes.
Acte I : le consul marocain qualifie l’Algérie de « pays ennemi »
La polémique éclate le 13 mai lorsqu’une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux montre le consul général du Maroc à Oran s’adresser à ses compatriotes venus protester contre le retard dans les opérations de rapatriement des citoyens marocains vers leur pays, dans un contexte de pandémie du coronavirus Covid-19 ayant mené à la suspension de tous les vols.
« Comme vous le savez, nous sommes dans un pays ennemi. Je vous le dis en toute franchise », peut-on entendre le consul général du Maroc à l’adresse de ses compatriotes bloqués à Oran.
La déclaration du consul provoque un tollé en Algérie. Le même jour de la diffusion de la vidéo, l’ambassadeur du Maroc à Alger est convoqué par le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum. « La qualification par le Consul général du Maroc à Oran, si elle venait à être établie, de l’Algérie de ‘pays ennemi’ est une violation grave des us et coutumes diplomatiques, qui ne saurait être tolérée », s’indigne le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
« C’est également une atteinte à la nature des relations entre deux pays voisins et deux peuples frères, ce qui requiert des autorités marocaines la prise des mesures appropriées pour éviter les répercussions de cet incident sur les relations bilatérales », affirme le communiqué
Acte II : le consul du Maroc à Oran quitte l’Algérie, graves accusations de la présidence algérienne
Le 4 juin, le consul général du Maroc à Oran quitte l’Algérie à bord d’un vol rapatriement des ressortissants marocains bloqués en Algérie qui a été opéré par la Royal Air Maroc. L’information est confirmée mardi 9 juin par le porte-parole de la présidence de la République algérienne, Belaid Mohand-Oussaid. Ce dernier formule de graves accusations à l’encontre du consul marocain.
« Nous avons demandé son départ. Son comportement était prévisible. Nous avons découvert que c’est un agent des services de renseignements marocains qui a été désigné consul à Oran pour d’autres raisons », a affirmé M. Mohand-Oussaid, estimant que « la page de cet incident est tournée ».
Acte III : réaction « consternée » du Maroc aux déclarations de la présidence
La page n’était cependant pas tournée pour le gouvernement marocain, qui observait jusque-là un silence total. Ce dernier réagit le même jour par le biais de son chef de la diplomatie pour faire part de sa « consternation » suite aux « graves » déclarations du porte-parole de la présidence algérienne.
« Le Maroc exprime sa consternation face à ces allégations émanant d’un représentant d’une institution censée faire preuve de discernement et de retenue », a affirmé le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita.
« Le Maroc rejette ces assertions ridicules et sans fondement », a indiqué M. Bourita, précisant que « le Consul Général du Royaume à Oran est un cadre du ministère, justifiant d’une carrière longue de 28 ans, aussi bien au service central que dans plusieurs postes à l’étranger ».
Le chef de la diplomatie marocaine a également réfuté que le rappel de l’ambassadeur ait été effectué en réponse à une demande algérienne. « Le rappel du Consul a été décidé à l’initiative exclusive du Maroc même s’il s’est toujours acquitté de ses fonctions de manière tout à fait convenable et professionnelle », a estimé Nasser Bourita, précisant qu’à « aucun moment, le Royaume n’a reçu, de la part des autorités algériennes, une quelconque demande officielle formelle de rappel de son Consul Général »