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Algérie – Maroc : la réaction à deux vitesses de la CAF

La CAF pratique-t-elle une politique à deux vitesses quand il s’agit du Maroc et de l’Algérie ? Tout en gardant le silence sur la décision du royaume de boycotter le CHAN 2022 en Algérie, elle réagit sur de supposés propos à caractère politique tenus lors de la cérémonie d’ouverture de cette compétition vendredi 13 janvier au stade Nelson Mandela à Alger.

La CAF indique avoir été « informée de certaines déclarations politiques émises » lors de la cérémonie d’ouverture du CHAN 2022 en Algérie vendredi 13 janvier.

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Cette réaction de la CAF survient après celle de la Fédération royale marocaine de football qui a protesté samedi 14 janvier contre le « discours provocateur et surréaliste » qui a « bafoué », selon elle, le « règlement régissant l’organisation des manifestations footballistiques » sous l’égide de la CAF lors de la cérémonie d’ouverture du CHAN 2022 en Algérie.

Sans le dire, l’instance de Fouzi Lekjaa vise les déclarations du  petit-fils de Nelson Mandela sur le Sahara occidental. « Une dernière colonie est présente en Afrique : le Sahara occidental », a déclaré Zwelivelile Mandela lors de son intervention durant la cérémonie d’ouverture du CHAN 2022 en Algérie vendredi 13 janvier au stade qui porte le nom de son grand-père.

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De son côté, la CAF a précisé dans son communiqué que les déclarations en question n’émanent pas d’elle et « ne reflètent ni un point de vue, ni une opinion de la CAF en tant qu’organisation politiquement neutre ».

Elle a annoncé une enquête si les déclarations en question « violent » ses statuts et règlements ainsi que ceux de la FIFA, tout en s’engageant à faire part de ses conclusions en temps opportun.

Pour des déclarations d’un invité lors de la cérémonie d’ouverture, la CAF s’est empressée de sortir un communiqué pour annoncer une enquête et alors que nous sommes au troisième jour du forfait marocain, rien n’est à signaler du côté de l’instance africaine.

Pourtant si l’on se tient aux lois et aux statuts si chers à la CAF, le Maroc doit être sanctionné pour son forfait au CHAN 2022 alors que ce n’est pas le cas de l’Algérie qui ne peut pas être responsable des déclarations tenues par un invité à la cérémonie.

Maroc et petit-fils de Mandela : ce que disent les lois de la CAF sur les deux cas

Concernant le cas du forfait du Maroc qui est un fait bien établi et non pas des suppositions, l’article 80 du CHAN évoque une suspension des deux prochaines éditions du tournoi et une amende de 150.000 dollars. La CAF n’a encore rien dit sur une infraction établie de ses règlements, bizarrement.

Les règlements de la CAF ne mettent pas directement en cause l’Algérie suite aux propos du petit-fils de Mandela lors de la cérémonie d’ouverture.

Le règlement du CHAN stipule, dans son article 93 alinéa 2, que « pendant la durée du tournoi final du CHAN, durant la semaine le précédant et les deux jours qui suivent la finale, aucune réunion ou démonstration religieuse ou politique ne peut se dérouler dans les stades retenus pour la compétition ». Or, dans ce cas ce sont des déclarations d’un invité et non pas une réunion ou une démonstration comme l’indique l’article.

Dans l’alinéa 3 du même article on peut lire : « Aucun slogan écrit ou audiovisuel pour ou contre les convictions politiques ou religieuses d’autres pays ne sera admis dans les stades, les lieux d’hébergement, les terrains d’entraînement ».

Dans cet article également les déclarations faites par Zwelivelile Mandela n’engagent pas l’Algérie car il ne s’agit pas d’un slogan ou contenu audiovisuel élaboré par les organisateurs.

Dans les statuts de la CAF, l’article 49 évoque l’interdiction de toute « manifestation » d’ordre politique entre autres. Une déclaration d’un invité ne peut être considérée comme une manifestation de propagande.

En vertu des trois articles de loi de la CAF, cités plus haut, le Fédération royale marocaine de football aurait dû être sanctionnée il y a quatre ans puisqu’une chanteuse marocaine qui a participé à la cérémonie d’ouverture du CHAN 2018 au Maroc avait chanté en faveur de la marocanité du Sahara occidental.

Dans ce cas précis, la chanteuse n’est pas une invitée comme l’a été le petit-fils de Mandela en Algérie, mais il s’agit bien d’un message passé dans le cadre de la cérémonie d’ouverture ce qui est en violation directe avec les lois de la CAF. Si le Maroc n’a pas été sanctionné pour cet écart, il n’y a pas de raison que l’Algérie soit punie pour les déclarations de Zwelivelile Mandela.

En s’empressant à l’ouverture d’une enquête sur les propos du petit-fils de Mandela lors de la cérémonie d’ouverture du CHAN 2022 et en gardant le silence du boycott du Maroc, la CAF alimente la thèse selon laquelle elle est sous forte influence marocaine.

Pourtant, la décision du Maroc de boycotter le CHAN 2022 en Algérie est un acte politique avec lequel Lekjaa voulait briser l’interdiction de survol du territoire algérien par des avions marocains. Cette mesure d’interdiction a été prise par l’Algérie en septembre 2021, un mois après la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

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