Entre « actes hostiles » et une prétendue volonté de « ne pas aller vers l’escalade » avec l’Algérie, le Maroc continue d’afficher un double visage dans ses rapports avec son voisin de l’Est.
« Lorsque l’Algérie a décidé de rompre les relations (avec le Maroc) il y avait six ou sept points, pas seulement cette question (coopération militaire entre le Maroc et Israël pour provoquer l’Algérie) », a fait mine de justifier le ministre marocain des Affaires étrangères dans un entretien à RFI et France 24 diffusé dimanche 6 février.
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« L’Algérie a évoqué la question du Sahara (Sahara occidental), la guerre de 1963 et beaucoup d’autres choses. Lorsque c’est excessif ça devient insignifiant. Quand on est dans l’excès, on n’a plus d’impact », a-t-il prétendu.
Le chef de la diplomatie marocaine reproche à l’Algérie d’avoir pris des positions unilatérales. « C’est son droit », admet-il du bout des lèvres. Dans la foulée, le chef de la diplomatie marocaine rapporte que la démarche du roi Mohamed VI « a été de ne pas aller vers l’escalade (avec l’Algérie). De ne pas réagir à ces décisions unilatérales et cela sera toujours notre position ».
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A une question sur l’hypothèse d’une confrontation armée directe entre les deux pays, Bourita s’est contenté de répéter : « Le Maroc n’est pas dans l’escalade. Il n’insulte pas l’avenir. Le Maroc pense qu’on ne change jamais la géographie. La démarche de sa Majesté le Roi c’est de ne pas aller dans l’escalade et de se concentrer sur ce qui nous unit, pas sur ce qui nous désunit », a dit Bourita. Du côté algérien, l’heure n’est pas à l’escalade.
Le ton pacifique de Lamamra
Il y a deux jours, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra s’est voulu rassurant s’agissant d’une éventuelle guerre directe avec le Maroc. En tout cas, a précisé Lamamra dans une interview accordée le 4 février à France 24 et RFI, l’Algérie ne fera pas le premier pas.
« L’Algérie ne fera la guerre qu’en légitime défense. L’Algérie a trop connu les affres de la guerre coloniale pour souhaiter s’engager dans une confrontation armée avec un pays voisin », a assuré M. Lamamra tout en remarquant que c’est le Maroc qui cherche la guerre avec l’Algérie à travers la coopération militaire avec Israël.
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« Il faut se demander si ceux qui développent des coopérations militaires avec des puissances militaires étrangères qui n’ont rien à voir avec la région nord-africaine ne sont pas ceux qui parient sur le pire », a affirmé le chef de la diplomatie algérienne.
Contradictions marocaines
En août 2021, l’Algérie a rompu ses relations avec le Maroc, après une série « d’actes hostiles » de la part du Royaume. La tension entre les deux pays a culminé avec le rapprochement du Maroc avec Israël y compris dans le domaine militaire.
En visite à Rabat, le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid, avait même menacé l’Algérie en l’accusant de « rapprochement » avec l’Iran, et la considérant comme une source d’inquiétude pour les deux nouveaux alliés.
Les intentions belliqueuses du Maroc à l’égard de l’Algérie sont pourtant claires. Au cours de la visite de Yaïr Lapid à Rabat, un journaliste israélien de la chaîne i24News a fait des révélations assez graves pour qu’elles n’interpellent pas l’Algérie. « J’ai pu m’entretenir avec des soldats marocains en off, a-t-il rapporté. On a pu constater qu’il y un excès de confiance. Ces soldats marocains se disent être prêts au combat contre l’Algérie ». Il a établi un parallèle entre la situation actuelle au Maroc à celle d’Israël avant la guerre du Kippour en 1973.
Les déclarations de Nasser Bourita contredisent d’une certaine manière les déclarations de son roi Mohamed VI le 31 juillet dernier qui clamait à qui voulait l’entendre que son pays n’est ni un « danger » ni une « menace » pour l’Algérie, mais qu’il préparait son armée à une guerre contre son voisin de l’Est.
Le 1er novembre, les provocations marocaines ont atteint un seuil dangereux après l’assassinat de trois routiers algériens dans un bombardement que l’Algérie a attribué officiellement à l’armée marocaine. L’attaque a eu lieu sur le territoire du Sahara occidental.