Le Maroc poursuit sa politique de tension permanente avec l’Algérie. Moins d’une semaine après la décision d’Alger de rompre les relations diplomatiques avec Rabat, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU est revenu à la charge sur la Kabylie.
Omar Hilale, qui est à l’origine de la décision de l’Algérie de rompre ses relations avec le royaume, a de nouveau apporté le soutien du royaume au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), qui a été classé en mai comme « organisation terroriste » par les autorités algériennes.
Il a accusé l’Algérie, qui soutient le combat du peuple sahraoui pour son indépendance, d’« oublier qu’il y a des populations dans son propre pays qui réclament de pouvoir bénéficier de ce même droit à l’autodétermination ». Omar Hilale s’exprimait lundi lors du séminaire du Comité spécial de la décolonisation des caraïbes en Dominique, selon le compte rendu de l’agence officielle marocaine de presse.
L’ambassadeur du Maroc à l’ONU répondait à son homologue algérien Smail Mimouni, qui lui a rappelé vendredi lors de la même réunion que la question de la décolonisation du Sahara occidental a « été et demeure inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU, depuis 1963 ».
Ce n’est pas la première fois que Hilale apporte publiquement le soutien du Maroc au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).
Le 14 juillet, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a remis aux États membres du mouvement des Non-alignés une note dans laquelle il proclamait le soutien de son pays au droit à l’autodétermination du « vaillant peuple Kabyle ».
L’Algérie a réagi vendredi 16 juillet en condamnant une « dérive dangereuse » et demandé des explications au Maroc.
« Un diplomate marocain a fait des déclarations graves, suite à quoi nous avons convoqué notre ambassadeur à Rabat pour consultation, et avons avisé d’aller plus loin, mais aucune réaction n’a émané du Maroc », a déploré le président Abdelmadjid Tebboune, dimanche 8 août, en réponse à la « main tendue » du roi du Maroc.
Dualité du discours marocain
Dans son discours du samedi 31 juillet, le roi du Maroc, Mohamed VI, a complètement ignoré la demande d’Alger. Au lieu de fournir des explications sur l’appel à la partition de l’Algérie, lancé par son ambassadeur à l’ONU, il a réitéré sa demande pour la réouverture des frontières entre les deux pays, et lancé un appel au président algérien pour l’établissement de relations « sereines » et « fraternelles » entre les deux pays. Son appel sera qualifié de « prétendue main tendue » par Alger.
Il a fallu attendre jeudi 26 août, soit deux jours après l’annonce de la rupture des relations entre les deux pays, pour que le chef du gouvernement marocain, Saad Edin El Othmani, évoque la question. Sa réponse illustre la dualité du discours marocain à l’égard de l’Algérie.
Dans un entretien à Hespress, El-Othmani s’est désolidarisé de l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, en affirmant que la note verbale présentée par ce dernier « n’était pas une position politique, mais une réaction dialectique ».
Moins d’une semaine plus tard, le même Omar Hilale a récidivé, en réclamant la présence du MAK aux réunions du Comité spécial de la décolonisation.