C’est par un long commentaire (2 pages) publié dans le dernier numéro de la revue El Djeich que l’Armée nationale populaire (ANP) a répondu aux rumeurs qui la ciblent continuellement.
Il s’agit particulièrement de l’intention prêtée à l’armée nationale d’envoyer ses éléments se battre au Mali et de la rumeur d’une visite prétendument secrète du chef d’état-major de l’ANP à Paris.
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Concernant l’envoi de troupes algériennes à l’étranger, le texte rappelle d’emblée la disposition de l’article 31 alinéa 3 de la Constitution : « Dans le cadre du respect des principes et objectifs des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, l’Algérie peut participer à des opérations de maintien de la paix. »
Un article « clair et net et ne saurait justifier d’une quelconque interprétation ni extrapolation ou avis (fatwa) », lit-on.
L’auteur du commentaire bat alors en brèche la rumeur selon laquelle l’armée algérienne s’apprêterait à prendre le relais de l’armée française au Mali, en soulignant d’abord que notre pays n’a aucun « intérêt ou avantage » à tirer de l’envoi de ses troupes dans ce pays voisin.
Les réserves d’or du Mali ? « Que ces ignorants sachent que les réserves d’or de l’Algérie ont été estimées, selon les dernières statistiques de l’Organisation mondiale de l’or, à 173,6 tonnes. Ce qui classe notre pays au troisième rang dans le monde arabe en matière de réserves d’or », répond l’ANP.
Au plan politique, poursuit la revue de l’ANP, il n’est pas dans les principes de l’Algérie de « soutenir une partie au détriment de l’autre » et « sa plus grande préoccupation est la sécurité de la République du Mali et de son peuple, en sa qualité de pays frère et ami ».
Quant au volet militaire, « le Commandement militaire tient à ses éléments et ne saurait donc exposer un seul de ses soldats au danger. Que dire alors d’envoyer des centaines d’éléments au-delà des frontières ! ».
« Qui a trahi Jugurtha ? »
Après avoir répondu et démenti sa teneur par le biais d’un communiqué officiel, l’ANP revient à la charge concernant l’information donnée à la mi-juin dernier par la revue Jeune Afrique qui prétendait que le chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Saïd Chanegriha, s’était rendu secrètement en France pour discuter de la situation au Sahel.
Le texte de la revue El Djeich estime que si cette visite avait eu lieu réellement, rien n’aurait empêché l’État algérien ou la partie française de l’annoncer « officiellement, en toute transparence ».
« Qu’est-ce qui empêcherait, au demeurant, de telles visites entre les deux parties, d’autant que le chef d’état-major des armées françaises s’était rendu en avril dernier dans notre pays et y avait rencontré le chef d’état-major de l’ANP ? », poursuit le texte.
Arrive alors la principale interrogation : qui est derrière ces rumeurs ? « Ceux qui en sont les auteurs sont loin d’être des gens ordinaires mais des parties intéressées, des médias et même des États », écrit El Djeich qui, outre les trois lobbies pointés du doigt par le président de la République dans sa dernière interview à AL Jazeera (anciens colons, OAS et « compatriotes algériens qui ont vendu leur âme »), le texte cite nommément le Maroc.
À cet « État voisin qui voue une haine ancestrale et un ressentiment non dissimulés envers notre pays », il est rappelé alors certaines vérités historiques et une série de trahisons. « Qui a trahi le héros numide Jughurta en 104 av. J.-C. et l’a remis à Rome où il sera tué ? N’était-ce pas Bocchus, roi de la Maurétanie césarienne, le Maroc d’aujourd’hui ? »
« Qui s’est retourné contre l’Emir Abdelkader en décembre 1847 et s’est allié à l’ennemi français pour l’encercler ? N’est-ce pas le sultan marocain Moulay Abdel Rahmane ? Qui a trahi les cinq dirigeants de la Révolution et les a donnés à la France en octobre 1956, alors que leur avion se dirigeait du Maroc vers la Tunisie ? N’était-ce pas l’héritier du trône marocain ? »
C’est aussi le Maroc qui a « attaqué notre pays en octobre 1963, alors qu’il venait tout juste d’accéder à l’indépendance et qu’il n’avait pas encore pansé ses blessures, dans une tentative d’occuper et d’annexer les villes de Tindouf et de Béchar à son royaume », ajoute la revue de l’ANP qui rappelle qu’elle « aurait pu, par deux fois, intervenir au Maroc ou, au moins pour soutenir les militaires qui ont failli balayer la couronne marocaine et renverser leur roi lors des tentatives de coups d’État de Skhirat, en 1971, et celui du général Oufkir, une année plus tard ».
Elle ne l’a pas fait car elle « n’a pas été nourrie au sein de la trahison et de la fourberie » et a « mis un point d’honneur à ne pas se mêler des affaires des autres ».