Politique

Algérie –Maroc : tentative de médiation saoudienne ?

L’Algérie et le Maroc n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis mardi 24 août. Elles ont été rompues à l’initiative d’Alger suite à la répétition d’ « actes hostiles » marocains à l’égard de l’Algérie.

La décision était attendue depuis plusieurs semaines, notamment depuis le discours du roi Mohamed VI à l’occasion de la fête du trône, le 31 juillet, dans lequel il a ignoré les protestations de l’Algérie suite à la grave dérive de l’ambassadeur marocain à l’ONU, appelant ouvertement à la partition de son territoire.

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Quelques jours à peine après l’annonce officielle de la rupture, on assiste à une première tentative de médiation entre les deux pays. Elle émane de l’Arabie Saoudite, dont c’est le rôle traditionnel de mener les missions de bons offices entre les États du monde arabe.

Sur son compte officiel sur Twitter, le ministre des Affaires étrangères saoudien, Fayçal Ben Farhane, a annoncé dans deux tweets quasi simultanés vendredi 27 août, avoir eu des entretiens téléphoniques avec ses homologues algérien et marocain.

Le ministre saoudien annonce les entretiens sans autre précision, mais la simultanéité des contacts, de surcroît en pleine crise entre le Maroc et l’Algérie, ne laisse pas de doute qu’il s’agit d’une tentative de médiation. Ce que confirme du reste une source diplomatique algérienne.

L’Arabie saoudite fut l’un des tout premiers pays, avec la France, à réagir à l’annonce de la rupture des relations entre l’Algérie et le Maroc. Dans un communiqué diffusé mercredi 25 août, le ministère des Affaires étrangères du royaume a exprimé ses « regrets » et souhaité le rétablissement « le plus rapidement possible » des relations entre les deux voisins maghrébins.

L’Arabie saoudite a appelé à privilégier le dialogue et la diplomatie pour régler les questions litigieuses et « ouvrir une nouvelle page ». Les mêmes appels au « dialogue » ont émané de la France, des Émirats et de la Ligue Arabe, entre autres États et organisations.

Contrairement aux Émirats, plus alignés sur les thèses marocaines en ouvrant notamment un consulat dans les territoires sahraouis occupés, l’Arabie saoudite garde une certaine distance vis-à-vis du Maroc, en dépit de la solidarité « inter-monarchique » toujours agissante.

Les deux royaumes ont même traversé une mini-crise en 2017 suite à la position neutre, en tout cas mitigée, de Mohamed VI par rapport à la coupure des États du Golfe avec le Qatar.

Une initiative à la fois tardive et prématurée

L’initiative saoudienne est louable sur le principe, comme toute mission de bons offices, mais pour beaucoup d’observateurs, elle est tardive et prématurée.

D’abord, elle arrive trop tard maintenant que la rupture est consommée et étayée par des arguments solides de la part de l’Algérie. La médiation pouvait produire de l’effet si elle avait été tentée entre le 16 juillet, date de la demande d’explication de l’Algérie sur la dérive de l’ambassadeur marocain Omar Hilale, et le 24 août, date de l’annonce officielle de la rupture des relations. D’autant plus que l’apaisement ne tenait pas à grand-chose.

Il aurait suffi que le roi Mohamed VI n’ignore pas, dans ses discours du 31 juillet et du 20 août, les protestations de l’Algérie.

 « Dans cette situation, j’estime que l’appel lancé à l’ONU par le Maroc, en juillet dernier, visant à provoquer une sédition en Algérie, a été un point de rupture, pouvant être atténué par un geste du roi du Maroc qui curieusement est venu sous la forme d’une demande de réouverture des frontières. Cela a été considéré comme un manque de considération et une attitude qui prend la forme d’une caution à l’appel à la sédition en Algérie », expliquait jeudi 26 août dans un entretien à l’agence officielle APS le diplomate et ancien ministre Abdelaziz Rahabi.

La réponse que l’Algérie attendait, à savoir que la teneur de la note de Omar Hilale ne traduisait pas la position officielle de l’État marocain, est aussi venue en retard. Elle a été exprimée vendredi 27 août par le Premier ministre Saad Dine El Otmani.

Et l’explication de ce dernier et les tentatives de médiation devaient intervenir lorsque le Haut conseil de sécurité (HCS) a annoncé, mercredi 18 août, la révision des relations avec le Maroc qui constituait un préavis clair de rupture.

L’initiative saoudienne est aussi prématurée. Il est évident que l’Algérie ne peut pas se déjuger en revenant sur une décision aussi lourde quatre jours après l’avoir prise solennellement et après mûre réflexion et une longue patience. « Il est encore trop tôt pour la médiation », estime le même Rahabi dans une déclaration à TSA.

« Une médiation arabe ou autre n’est pas envisageable, chaque partie doit assumer la responsabilité de ses actes”, a ajouté Rahabi.

Selon nos sources, le ministre saoudien des Affaires étrangères a appelé ses homologues algérien et marocain au dialogue et à la retenue, en attendant des conditions favorables pour entamer une véritable médiation.

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