En Algérie, tout est bon pour créer la polémique sur les réseaux sociaux. Cette fois, c’est l’aide de 100 millions de dollars octroyée par le président Abdelmadjid Tebboune à son homologue palestinien qui anime les discussions.

Le président Mahmoud Abbas, qui a achevé ce mardi une visite de trois jours en Algérie, a été accueilli avec tous les honneurs dus à son rang par les autorités algériennes. Coups de canons à l’aéroport où se sont déplacés tous les hauts responsables de l’Etat, à leur tête le président de la République, décoration de la médaille des amis de la révolution et un chèque de 100 millions dollars en guise d’aide à l’Autorité palestinienne.

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 « Par fidélité à la glorieuse histoire révolutionnaire de l’Algérie et à l’engagement immuable de tout le peuple algérien soutenant la cause palestinienne juste en toute circonstance, et en application des résolutions pertinentes de la Ligue arabe, l’Etat algérien a décidé de remettre ce chèque comportant une contribution financière de la part de l’Algérie de l’ordre de cent (100) millions de dollars à notre frère, son excellence Abou Mazen, président de l’Etat palestinien et de l’Organisation de libération de Palestine », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune au cours d’une conférence conjointe avec M. Abbas, lundi soir.

Si, naturellement, ce geste a été salué par les Algériens, dont l’attachement à la cause palestinienne est connu de tous, certaines voix ne se sont pas empêchées de le critiquer. Il y a d’abord ceux qui estiment que cet argent devrait plutôt servir à prendre en charge les nombreux problèmes des Algériens.

Des commentaires qui rappellent ceux entendus lorsque l’Algérie avait consenti une aide en faveur de la Tunisie en 2020. D’autres, d’une certaine obédience politique, ne rejettent pas le principe d’aider la Palestine, mais le fait de remettre l’argent à l’Autorité palestinienne.

« Nous insistons pour que cette aide arrive au peuple »

Même certaines personnalités connues, tant en Algérie qu’à l’étranger, ont abordé la question. Le journaliste palestinien Abdelbari Atouan a par exemple écrit sur Twitter que cet argent doit arriver au peuple palestinien.

« L’accueil du président palestinien Abbas, l’annonce d’un dialogue entre toutes les factions palestiniennes et l’octroi d’une aide de 100 millions de dollars sont autant de signes qui démontrent que l’Algérie a retrouvé son rôle et sa place dans le monde arabe par la juste porte. Nous insistons pour que cette aide arrive au peuple », a-t-il réclamé.

Djilali Soufiane, président du parti Jil Jadid, fait partie de ceux qui ont salué le geste de l’Algérie. Il a même anticipé les critiques. « Le soutien aux Palestiniens sera sans nul doute critiqué, voire attaqué, par ceux-là même qui prônent la démocratie et les droits de l’homme, sans compter les nouveaux opposants qui se découvrent en plein accord avec les pays en crise avec l’Algérie et qui au nom de la realpolitique ont offert leurs services au mouvement sioniste », écrit-il sur les réseaux sociaux.

« Au-delà de l’entretien de relations de fraternité et de soutien, historiques et populaires entre nos deux pays, l’Algérie renoue avec un engagement géopolitique qu’elle avait abandonné depuis trois décennies », estime-t-il, ajoutant que « l’Algérie reste l’un des derniers Etats à soutenir cette cause et peut donc y jouer d’une influence retrouvée tout en ayant un levier de défense contre Israël qui s’est invité à nos frontières ».

« Les prochains mois et années seront cruciaux pour notre souveraineté. Soit nous auront les moyens de nous défendre, soit nous nous soumettrons définitivement à l’axe sioniste », conclut Djilali Soufiane.