Société

Algérie : quand la pomme devient un fruit de luxe

En Algérie, la pomme est devenue un fruit de luxe. Pour les bourses moyennes, elle est devenue hors d’atteinte. Ce fruit n’est pas le seul qui est touché par la hausse des prix.

Il suffit de jeter un œil sur les pages des marchés de gros de produits agricoles pour se rendre compte de la hausse vertigineuse des prix de certains fruits.

Les prix de la cerise, un fruit de saison, ont été  tellement élevés que les consommateurs ont boudé ce produit.

Les prix de la cerise ont atteint le pic de 2500 dinars, avant de baisser pour être proposée entre 600 et 1300 dinars le kilogramme, selon les marchés et la qualité.

Les prix de la pomme ont sensiblement augmenté dans les marchés. Après avoir franchi le seuil de 1.000 dinars au début de l’année, la pomme a atteint 1500 dinars au marché de gros de Bougara dans la wilaya de Blida.

Sur le marché de détail, la pomme a dépassé la barre symbolique des 2000 dinars le kilogramme. Il s’agit de la pomme produite en Algérie.

L’interdiction de l’importation : le revers de la médaille

La hausse des prix de la pomme produite localement pose la problématique de la mesure d’interdiction d’importation de ce produit.

Censée protéger le produit local et encourager la production nationale, la décision d’interdire l’importation de la pomme n’a pas eu d’incidence positive sur les prix.

Bien au contraire, les prix de la pomme produite en Algérie ont atteint des sommets. Il y a plusieurs raisons derrière la hausse vertigineuse des prix de la pomme locale selon Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA).

« L’interdiction de l’importation de la pomme n’a pas été accompagnée par une augmentation de la production locale. Au contraire, cette année la production a baissé. L’offre a baissé, ce qui provoque la hausse des prix actuellement », explique-t-il.

Pour le président de l’Anca, « le fait que les prix de la banane, fruit de régulation par excellence, restent élevés entre 350 et 400 dinars maintiennent ceux de la pomme à des niveaux élevés ».

M. Boulanouar préconise de changer la méthode d’encouragement du produit local. « L’état doit exiger l’augmentation de la production locale pour interdire l’importation du produit tout en accompagnant les producteurs locaux pour atteindre cet objectif », recommande Hadj Tahar Boulenouar.

Pomme : une marge bénéficiaire « abusive » et « injustifiée »

De son côté, le président de l’association de protection et d’orientation des consommateurs (Apoce), pointe les opérateurs de la filière de la pomme « qui profitent de la situation, car ils ont le monopole, pour augmenter les prix » de la pomme.

« Quand on étudie le coût de production de la pomme, il n’atteint pas 10% des prix de vente. Il y a une marge abusée et injustifiée », indique Mustapha Zebdi.

Pour le président de l’Apoce, deux solutions se présentent aux autorités pour réguler le prix de la pomme produite localement : le plafonnement des marges de bénéfices ou bien le retour de l’importation.

« Il s’agit d’un cas de pure spéculation. La spéculation ne concerne pas uniquement les produits subventionnés. La situation nécessite une intervention des pouvoirs publics », affirme Mustapha Zebdi.

Au lieu d’interdire l’importation de la pomme toute l’année, le gouvernement pourrait mettre en place un système de régulation flexible en fonction de la disponibilité de la production locale et des saisons.

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