Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anea) Ali Bey Nasri a réclamé ce mardi 5 juin une étude d’impact sur l’économie algérienne de l’accord d’association avec l’Union européenne.
Évoquant certaines dispositions de cet accord, il n’a pas caché sa consternation face à l’attitude des pouvoirs publics qui continuent à assumer une perte fiscale de 2 milliards de dollars par an.
« Les exonérations douanières actuelles nous coûtent 2 milliards de dollars annuellement pour une importation moyenne de 20 milliards de dollars. Ce chiffre est appelé à doubler à partir de 2020 avec le démantèlement tarifaire puisque nous serons dans une zone de libre-échange. Il faut s’attendre à une lourde facture à payer pour le Trésor public », a-t-il mis en garde ce mardi sur les ondes de la Chaîne III.
Pour le président de l’Anea, « il n’y a que des aspects négatifs dans cet accord qui a été renégocié en 2009 suite à la chute du prix du pétrole. En 2012, de nouvelles négociations ont été entreprises. Depuis, rien n’a été fait ».
Il réclame, dans ce sens, une étude d’impact pour évaluer cet accord et les perspectives de celui-ci. « On ne peut pas s’exonérer d’une étude d’impact. Il faut évaluer l’intérêt d’adhérer à l’accord d’association avec l’Union européenne car le danger de l’accord est d’ouvrir nos frontières aux produits des 28 pays qui constituent l’Union européenne », abonde-t-il.
Ali Bey Naceri reste, par ailleurs, peu convaincu des mesures de suspension prises par le gouvernement pour limiter les importations. Selon lui, les exportations de l’Union européenne vers l’Algérie ont augmenté de 16% au courant des quatre dernier mois, et ce, malgré le gel des importations.
Dans le détail, la France arrive en première position avec une augmentation de 10%, suivie de l’Italie (9%), de l’Espagne (8%) et de l’Allemagne (6%).
Ali Bey Nasri suggère aux autorités de s’inspirer « de la ligne de défense européenne » pour réduire les importations, c’est-à-dire, selon lui, « appliquer des taxes en interne sur le produit que nous jugeant important de protéger ».
Parmi les articles les plus décriés de cet accord d’association, le président de l’Anea a cité celui relatif au principe de compensation. Cet article précise que « si l’Algérie réduit la quantité d’un produit importé, elle devra le compenser par un autre produit. C’est ce qui s’est passé en 2010. Lorsqu’on a fermé 36 positions tarifaires dont le maïs et les légumes secs, l’Algérie était obligée d’augmenter sa quantité de blé et de viande bovine importés » .
« Ça ne peut plus durer »
Le président de l’Anea a par ailleurs appelé « au changement de la réglementation de change qui est loin de répondre aux attentes des exportateurs ». « Nous avons un compte exportateur qui, selon la loi, est laissé à la libre discrétion de l’exportateur et sous sa responsabilité. Mais on refuse aux opérateurs qui ont 200.000 ou 300.000 dollars d’utiliser ce compte », a-t-il déploré.
« Pour une insuffisance (rapatriement des devises issues des exportations) de 100 euros, on vous demande une justification. Pour un excédent de 100 euros, on vous demande une justification. Ça ne peut plus durer. À l’importation, malheureusement, un excédent de 100.000 dinars est accepté. C’est inadmissible », a dénoncé Ali Bey Nasri.
« Pour conquérir des parts de marché, il faudrait d’abord faire des études d’impact pour pouvoir placer le produit algérien. Le chiffre des exportations est de 640 millions de dollars en 2017 (hors les dérivés des hydrocarbures et les fertilisants)», a indiqué le président de l’Anea.