Il y a un avant et un après 2019 dans les relations entre l’Algérie et l’Union européenne. C’est du moins ce qui ressort des propos tenus par l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Bellani, dans un entretien accordé à Afrique-Asie.
Cette année-là « a drainé de nombreux changements aussi bien en Algérie qu’au sein de l’Union européenne et de ses institutions », estime-t-il.
« A l’issue de la phase de latence observée au cours de l’année 2019, une phase ambitieuse et prometteuse s’est ouverte depuis l’élection et l’investiture du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en décembre 2019, dont le programme est focalisé sur l’édification d’une nouvelle République basée sur la bonne gouvernance et la démocratie. Cette nouvelle ère en Algérie coïncide avec l’entrée en exercice d’une nouvelle équipe dirigeante de l’UE, le 1er décembre 2019 », souligne Bellani.
« La nouvelle commission européenne qui se proclame ‘commission géopolitique’ aspire à centrer son redéploiement diplomatique prioritaire en direction des pays du voisinage et de l’Afrique. Ceci devrait permettre d’impulser aux relations Algérie – UE une dynamique nouvelle, qualitative et pragmatique pour les situer à la hauteur des attentes mutuelle et des enjeux régionaux et globaux », analyse-t-il.
Concernant la question des « divergences » soulevées, elle a pour origine, explique Amar Bellani, les mesures d’encadrement et d’assainissement du commerce extérieur de l’Algérie, qui ont été néanmoins « accompagnées de toute la souplesse requise pour sauvegarder les intérêts de ses partenaires commerciaux les plus importants, dont l’Union européenne ».
Il cite l’exemple du DAPS (droits additionnels provisoires de sauvegarde) qui, « n’a concerné qu’une infime partie des importations en provenance de l’UE à hauteur d’un milliard d’euros sur plus de 20 milliards d’euros ».
L’Algérie a « constamment réaffirmé sa disponibilité de poursuivre les discussions » et de « travailler de manière conjointe avec les institutions européennes en vue de trouver un arrangement mutuellement acceptable », affirme l’ambassadeur.
L’Algérie, ajoute M. Bellani estime « néanmoins, que la coopération bilatérale ne peut être réduite aux seuls échanges commerciaux et devrait être étendue aux investissements et au transfert de technologie pour le développement des capacités nationales de production et atténuer quelque peu l’asymétrie insoutenable qui caractérise les échanges entre les deux parties ».
Concernant les relations dans le domaine de l’énergie entre les deux parties, Bellani rappelle que l’Algérie « a toujours été un partenaire fiable et sûr en matière d’approvisionnement en hydrocarbures, notamment, de gaz naturel, dont il assure plus de 12 % des quantités importées par les pays membres de l’UE ».
Et vu les exigences du Pacte vert européen (Green Deal) qui « prévoit la neutralité climatique d’ici 2050 et une réduction des gaz à effet de serre de 50 % voire 55 % par rapport au niveau de 1990 », « le gaz naturel continuera de constituer pour les années à venir un instrument indispensable vers la transition énergétique souhaitée par l’UE ».
« La part du gaz naturel dans le mix énergétique ne fera que croitre à l’avenir, malgré les convulsions actuelles du marché », prévoit le diplomate pour qui « cette transition énergétique exige, aussi, le développement des énergies renouvelables, dont l’Algérie constitue un gisement important, à proximité de l’Europe, notamment, s’agissant de l’énergie solaire, qui constitue un véritable de gisement de coopération bilatérale avec le partenaire européen pour les années et décennies à venir ».