Société

Algérien tué par un policier en France : sa famille réclame justice

Un jeune algérien sans-papiers de 32 ans originaire de Béjaia a été tué par un policier samedi 29 juin dernier à Bobigny (Seine-Saint-Denis) dans la région parisienne. En Algérie, sa famille réclame justice.

Le policier, qui a plaidé la légitime défense, se trouve actuellement en détention provisoire. Plusieurs éléments mettent en cause sa version des faits. Les résultats de l’autopsie et les derniers éléments de l’enquête favorisent clairement la piste d’un crime raciste.

Au matin du 29 juin, le policier a été appelé par sa grand-mère qui lui a confié qu’elle a entendu des bruits suspects émanant de son abri de jardin. Arrivé sur les lieux, le policier qui n’était pas de service, tombe sur le sans-papiers algérien.

La victime, Amar, 32 ans, a travaillé pour la grand-mère du policier

La victime, dénommée Amar, qui squattait la petite bicoque, a déjà travaillé pour la grand-mère du policier, indique la maman de la victime dans une déclaration accordée au média Berbère Télévision.

« Il a travaillé pour cette femme pendant trois jours. Comme elle avait un abri dans le jardin de sa maison, il s’y était installé et il dormait là », a-t-elle relaté.

Selon elle, son fils est « quelqu’un de tranquille, qui n’aime pas les problèmes et les disputes, qui ne boit pas et qui ne vole pas ». La maman du jeune algérien tué par ce policier demande ainsi à la justice française de « faire ce qu’il faut ».

En effet, selon le média français Le Parisien, la victime, et bien qu’elle squattait l’abri du jardin, n’a jamais pénétré dans la maison où habitait la vieille dame.

La victime venait juste sur la propriété pour y dormir sur un lit de fortune qu’il y avait installé. Pendant ses journées, Amar vendait des cigarettes à la sauvette pour gagner sa croûte.

@lahnathalwet #bejaia#tazmalt#lakabylie#leqbayel_anda_telam♥️♓♓💪🏻Nous demandons justice pour notre frère Amar, #algeria#france🇫🇷 #marocaine🇲🇦 #tunisienne #toutlemonde ♬ son original – Lahna talweth

L’avocat de la famille de la victime « privilégie l’hypothèse d’un crime raciste »

La sœur de la victime témoigne qu’Amar était quelqu’un « de respectueux et de bien éduqué ». Elle ajoute que la France représente à ses yeux « un pays de droit » mais qu’elle doit maintenant le prouver en mettant la lumière sur les circonstances de la mort de son frère.

« On demande justice pour mon frère », a-t-elle réclamé, ajoutant « qu’elle veut comprendre comment son frère a été tué et pourquoi son tueur a pris une photo avec son cadavre ». « Qu’est-ce qu’il voulait dire en faisant ça ? », s’interroge-t-elle.

« Mon frère est parti il y a quatre ans en France. Il est parti clandestinement comme de nombreux jeunes. Il était plusieurs fois locataire, il tombait parfois en panne. Il trouvait à chaque fois de l’aide auprès de ses amis et il aidait à son tour d’autres personnes. Mon frère a reçu sept balles, dont une en pleine tête, deux autres au niveau du thorax et deux autres au niveau du dos », raconte sa sœur.

L’avocat de la famille de la victime, Me Yassine Bouzrou, « privilégie l’hypothèse d’un crime raciste, notamment compte tenu des termes qu’il (le policier) a employés pour qualifier la victime durant ses auditions devant les enquêteurs », a-t-il confié au média français 20 minutes.

L’autopsie de la victime démontre un véritable acharnement de la part du policier

L’autopsie de la victime a aussi montré que le policier a tiré 7 balles en direction du jeune algérien, dont six ont pu atteindre leur cible. Le sans-papiers algérien a été touché au torse, mais aussi au dos et il a également reçu une balle en pleine tête.

En plus de la balle dans le dos qui laisse penser que la victime a d’abord tenté de s’enfuir, celle qui s’est logée dans sa tête témoigne de l’acharnement du policier sur une personne désarmée.

Pire encore, après son méfait, le tueur a pris deux photos avec le cadavre de sa victime, affirme le média français. Un comportement choquant, qui rabaisse la victime au rang de trophée de chasse.

Pour le moment la circonstance aggravante de racisme n’a pas été retenue, indique la même source, ce qui semble déranger l’avocat de la famille qui réclame le dépaysement de l’enquête car, selon lui, le procureur de la République de Bobigny, Eric Mathais, est trop proche de la Police.

Il précise que le magistrat « n’a jamais requis de placement en détention pour un policier de sa carrière », ajoutant que « quelle que soit l’infraction, il considère qu’un policier ne peut pas aller en prison ».

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