« Echourouk +, lancée en ce mois de janvier 2019, est une chaîne de télévision du groupe Echourouk. Nous n’avons pas vendu CBC El Benna, qui était une chaîne destinée aux femmes, comme cela a été écrit et dit, ici et là. Au lieu de désigner un directeur exécutif, nous avons chargé une société de la gestion de la chaîne Echourouk + qui remplace El Benna », a indiqué Ali Fodil, PDG du groupe, dans une déclaration à TSA, ce jeudi 24 janvier.
Echourouk +, qui cible un public jeune, est gérée, selon lui, par la société Not Found, spécialisée en communication et en production audiovisuelle, dirigée par Imad Henouda. C’est la même société qui a produit le feuilleton El Khawa, diffusé par El Djazaria One durant le Ramadhan 2018, et le soap opera « Bibiche et bibicha », qui faisait partie de la grille des programmes de l’ENTV durant la même période.
« Not Found nous a proposé de changer le nom de CBC El Benna et d’injecter de nouveaux programmes de divertissement. Nous leur avons confié la gestion libre tant de la production, du contenu ainsi que de la publicité. Et nous nous sommes entendus sur le partage des bénéfices entre le groupe Echourouk et Not found. Mais la propriété d’Echourouk + reste celle du groupe Echourouk. Elle suit la même ligne éditoriale », a précisé Ali Fodil. Les nouvelles émissions grand public d’Echourouk + comme « Hikayat Djazairia », « Rayna Hak » et « Chez Fati » sont actuellement tournées en Tunisie.
Des émissions tournées en Tunisie, faute de studios en Algérie
« En Algérie, nous n’avons pas de grands plateaux. Nous avons tenté à plusieurs reprises d’avoir des terrains du côté de la nouvelle ville (de Sidi Abdallah, Alger) pour construire des studios, mais nous avons été freinés par la bureaucratie. Nous étions alors obligés d’aller en Tunisie ou en Turquie pour tourner. En Tunisie, il y a des grands décors. Les émissions sont tournées dans les studios de la chaîne Al Hiwar Al tounsi », a souligné Ali Fodil.
Lancée en 2003, Al Hiwar Al Tounsi est une chaîne privée généraliste (après une fusion avec Al Tounousia), propriété du producteur et réalisateur tunisien Sami Fehri.
Ali Fodil a rappelé que le feuilleton « Rais El Corso », qui devait être diffusé durant le Ramadhan 2018, a été tourné en Turquie, puis arrêté.
« L’année passée, nous avions deux grandes productions, « Rais El Corso » et « Tilka al ayam », avec des critères internationaux. L’un d’eux a été tourné dans les décors du feuilleton « Harim Al Sultan » (crée en 2011 par Meral Okay d’après l’histoire du roi Suleiman Le Magnifique) en Turquie, l’autre en Algérie. Ils ont alors fomenté un complot contre nous en disant que nous critiquions le pouvoir et le président de la République. Malheureusement, leur propagande a pris de l’ampleur. En haut lieu, ils ont cru à cela et décision a été prise d’arrêter ces productions », a-t-il détaillé.
Des pertes de 300 millions de dinars
L’arrêt de ces deux feuilletons a eu, selon lui, des conséquences financières importantes. « Nous avons des dettes colossales. Nous estimons les pertes à plus de 300 millions de dinars. Pour l’instant, nous n’envisageons pas la reprise des deux productions arrêtées. Nous avions des sponsors qui étaient prêts à couvrir les frais mais qui se sont retirés. Nous avons donc subi des perturbations dans la gestion. Le retard dans le paiement des salaires des employés est lié à cela. Depuis novembre 2018, la situation commence à se redresser pour nous », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « Depuis une année, le groupe Echourouk est sous pression du pouvoir et des concurrents. Notre groupe entretient de bonnes relations avec les pouvoirs publics. Nous sommes là pour défendre les intérêts supérieurs de l’État. Certains concurrents ont cru qu’Echourouk était fini surtout que nous subissons un certain embargo (sur la publicité publique notamment). Ils ont cru que nous allions fermer. Et depuis le lancement de Echourouk +, ils ont commencé à lancer des rumeurs à nos propos. Cela dit, les choses s’améliorent pour nous, surtout ces derniers temps », a-t-il rassuré.
Echourouk TV en tête de l’audience en décembre 2018
S’appuyant sur le dernier rapport d’Immar sur les mesures d’audience des chaînes de télévision pour décembre 2018, dont une copie est parvenue à TSA, Echourouk TV (logo orange) est première devant Ennahar TV, Samira TV, El Heddaf TV, A3 et El Djazairia One.
La part d’audience (PDA) pour Echourouk TV est de 8,2 %, contre 7,5 % pour Ennahar TV et 3,5 % pour A3 (chaîne satellitaire publique). Dans le classement des chaînes privées uniquement, Echourouk est également première devant Ennahar TV et Samira TV. Les trois chaînes du groupe, Echourouk News, Echourouk TV et CBC El Benna, réalisent une part d’audience globale de 25 % sur le total des chaînes privées algériennes.
Echourouk TV est populaire chez les 18-49 ans. Elle détient 41,9 % de part d’audience parmi les chaînes généralistes, suivie de A3 (33,5 %), El Djazairia One (26 %,6) et Numidia TV(21,9 %).
Le groupe Echourouk, qui comprend trois chaînes de télévision, un journal et un site électronique, compte 1000 salariés. « Nous sommes en train de mener le redressement du groupe pour retrouver notre santé financière. Nous ne comptons pas lancer des projets qu’après. Cela dit, nous préparons la grille du Ramadhan (prévu pour le début mai 2019) qui sera diversifiée. Il y aura des surprises », a-t-il promis.