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Ali Ghediri, candidat anti-système ?

Ali Ghediri, candidat anti-système ?

Sa démarche le classe comme un candidat atypique. Officier supérieur quasiment inconnu, sans parcours militant, sans parti, Ali Ghediri est rentré avec fracas sur la scène politique par le biais de missives à ses « ainés », au président de la République et au chef de L’État-major.

Son objectif est clairement affirmé : s’emparer de la présidence avec le projet de dynamiter le « système » en place. Il revendique une étiquette à la mode, devenue le credo de nombre de personnalités à travers le monde. Il est, en effet, de bon ton de se présenter comme « anti-système », comme l’ont été aux États-Unis Donald Trump et Bernie Sanders aux primaires des Républicains et des Démocrates en 2016.

En France, ils étaient nombreux à revendiquer un tel positionnement en 2017 : Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et même François Fillon, plusieurs fois ministres et ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Dès lors, reste-t-il un sens à ce concept ou s’agit-il d’un épaisse couche d’hypocrisie pour capter le bénéfice d’une exaspération populaire visant les partis traditionnels, les professionnels de la politique supposés corrompus, les médias accusés de soumission aux forces de l’argent, en un mot, une dénonciation des élites ?

L’anti-système, c’est quoi ?

Être « anti-système », ce n’est pas seulement être contre le pouvoir en place. C’est aussi dénoncer les partis politiques (y compris ceux de l’opposition qui ont des élus), les élites, les médias, les banques, la finance, etc. En gros, être « anti-système », c’est vouloir tout changer et non seulement remplacer le président en exercice.

Le concept « anti-système » est d’abord apparu dans le monde de la finance sous la régence de Philippe d’Orléans quand les richissimes frères Paris se chargèrent de démanteler le système alors en vigueur portant le nom de Law du nom de l’économiste écossais qui l’avait inventé.

Sur le terrain politique, c’est en Allemagne qu’il prospère dans les années 20 sous l’inspiration des nationalistes. Il est recyclé en France dans les années 50 par les « néo fascistes ». Dans les années 70, il est adopté par le Parti Communiste.

Comme il est question de « casser » un système en place supposé être à l’origine des malheurs du peuple, les candidats ont décidé chacun de se l’approprier.

Aux États-Unis, Donald Trump et Bernie Sanders étaient à la marge de leurs partis, sans précédent mandat électif. Trump veut redonner à l’Amérique sa grandeur prétendument trahie par les politiques. L’héritier d’un immense patrimoine immobilier a prôné le protectionnisme économique en ferraillant avec la Chine un verrouillage des frontières, grâce notamment à la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique. Sur la forme, il a adopté un langage agressif, poussant toujours plus loin les limites de ce qui était toléré. Bernie Sanders a bâti lui sa réputation sur le thème de la fracture sociale.

En France, Emmanuel Macron a joué sur sa non-appartenance partisane. Pourtant, il a été le puissant ministre de l’Économie et des Finances de François Hollande après avoir été Secrétaire général de l’Élysée. Il a fait sa carrière au sein de la banque Rothschild après des études à l’ENA et à Sciences Po, deux fabriques de l’élite qu’il est supposé dénoncer.

Jean-Luc Mélenchon est un professionnel de la politique. Ancien ministre de Lionel Jospin, il s’est même lancé à la conquête de la tête du PS. Sans succès face à François Hollande.

Pris au piège des emplois fictifs de son épouse, François Fillon a tenté de se faire passer pour une « victime du système » qu’il prétendait vouloir abattre.

Quel positionnement pour Ghediri ?

De quoi peut se revendiquer Ali Ghediri pour se poser comme le candidat « anti-système » de la prochaine élection présidentielle ? Il n’est bien sûr pas le candidat d’un parti, pas plus qu’il n’a obtenu le soutien des plus influents d’entre eux, ni des organisations « para politiques » qui œuvrent sous diverses couvertures. Ce n’est pas non plus un professionnel de la politique. L’aurait-il voulu qu’il ne le pouvait pas puisque l’Armée a officiellement quitté la scène politique en 1989.

Mais tout en étant hors du champ partisan, l’Armée n’a pas moins d’influence politique et reste la colonne vertébrale du système. Ghediri en fut un cadre. Même s’il n’est pas membre de « l’ENArchie » qui a fourni au pays nombre de ses hauts cadres, il est aussi diplômé d’une autre fabrique de l’élite : l’Académie de Cherchell. Le général Eisenhower qui a gagné deux fois l’élection présidentielle américaine ne s’était pas présenté en candidat « anti-système ».

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