Après une année de silence qu’il s’est imposé « au seul regard de la situation du pays », précise-t-il, Ali Ghediri, candidat à l’élection présidentielle avortée du 18 avril 2019 et détenu à la prison d’El Harrach depuis juin de la même année, sort de sa réserve et s’adresse au président de la République dans une lettre ouverte.
Il ne s’agit pas d’une « imploration », mais d’un « appel pour une justice équitable, sereine et diligente qui puisse s’exercer sans injonctions d’où qu’elles puissent émaner », précise-t-il encore.
« Après une année de détention, l’on est venu me signifier, pour la quatrième fois consécutive, la prorogation, nonobstant la forme, de la durée de ‘‘confinement politique’’ auquel je suis soumis et désigné par euphémisme mandat de dépôt (…)
Et c’est précisément cet abus que je suis en train de subir dans ma chair, dans les geôles d’El Harrach au motif inavoué que ma présence sur la scène politique n’était pas sans incommoder certains décideurs », dénonce-t-il.
Plus qu’une plainte sur sa situation personnelle, la lettre de Ali Ghediri est un véritable plaidoyer pour un État de droit : « J’ose dire, malgré mon état de ‘‘confiné politique’’ et face à l’acharnement dont je fais l’objet, que je ne suis pas sans croire que l’on ne saurait assurer une transcendance politique réelle -indispensable élan salvateur pour l’édification d’une république nouvelle authentiquement démocratique- sans liberté et sans justice ; elles en sont le socle. Je reste par ailleurs convaincu que sans une solide détermination et sans un engagement sans faille pour la concrétisation de la rupture avec ce système, le risque est grand de perdre ce qui donne sens à notre existence en tant qu’individus, que génération et que nation ».
En l’absence de « garde-fous institutionnels », « les ressentiments personnels et les ambitions inhibent les consciences et laissent libre cours à l’omnipotence pour s’imposer aux lieu et place des lois et règlements régissant l’ordre républicain. Il devient alors loisible aux maîtres du moment d’instrumentaliser les institutions et les organismes de l’État et d’en soumettre le fonctionnement à leur seul bon vouloir. Telle est la vérité », assène-t-il.
Ghediri se dit convaincu que son accusation est politique. « C’est d’une décision éminemment politique dont il s’agit car seule la politique se considère, quand elle est pratiquée dans de pareilles conditions, aux règles morales, non tenue. De la sorte, d’honorables citoyens, serviteurs toute une vie durant de l’État, autant moralement intègres que patriotes engagés, se retrouvent arbitrairement taxés de traîtres à la Nation et, par la seule omnipotence des décideurs, sont jetés sans preuve aucune en pâture à la vindicte populaire, coupables de crimes qui n’ont d’existence que dans l’imaginaire des commanditaires », dénonce le général-major à la retraite.
Ali Gheiri dénonce justement l’accusation de saper le moral de l’ANP dont il est issu et assure qu’il continuera à assumer ses convictions « tant elles n’émanent point de revirement de circonstance ou de ralliement de dernières minutes dictés par un rapport de forces défavorable ».