Ali Ghediri sort de nouveau de sa réserve et rend publique une lettre, la deuxième en moins d’un mois. Cette fois, c’est pour annoncer sa décision d’entamer une grève de la faim et expliquer les raisons qui l’ont amené à recourir à cette action extrême.
Le général-major à la retraite et candidat à la présidentielle avortée d’avril 2019 est emprisonné à la prison d’El Harrach depuis le 13 juin de la même année.
Vendredi 10 juin, il a entamé une grève de la faim pour, dit-il, prendre à témoin le peuple algérien « que ce que je subis depuis plus d’un an n’est que le résultat de vilains dispositifs qui ont pour but de salir ma réputation et celle de ma famille ».
« Je ne recherche ni la compassion ni la pitié, si je me suis décidé à parler aujourd’hui c’est pour éviter une mauvaise interprétation de mon action et dire surtout que tout ce que j’endure depuis mon incarcération n’est dû qu’à une seule raison, ma candidature à l’élection présidentielle du 18 avril 2019 », écrit-il dans sa lettre datée du 6 juillet.
Se défendant de recourir à une « manœuvre », Ghediri affirme avoir choisi cette voie « pour éviter une mort lente, la mort des lâches que les décideurs ont choisie pour moi ».
« Je n’ai pas peur de la mort », assure-t-il et jure être « prêt à mourir en martyr pour trois principes inévitables pour l’éternité de l’Algérie : la liberté, la justice et la démocratie ».
Ali Ghediri était poursuivi pour entreprise de « démoralisation du moral de l’armée » et « réunion de documents et d’informations à la disposition d’agents étrangers », mais en juin dernier, la chambre d’accusation a abandonné cette dernière charge pour ne garder que celle d’ « atteinte à l’armée ».
L’ancien général s’en défend : « On m’accuse d’avoir attaqué l’armée, dans un entretien accordé au quotidien El Watan, j’ai cependant déclaré que c’était la seule institution capable de sauver le pays des problèmes dans lesquels il se trouvait. À une question portant sur le chef d’état-major, j’ai également répondu, parce que je le connaissais personnellement, qu’il ne permettrait à quiconque d’outrepasser la Constitution et de déstabiliser le pays. Les décideurs se sont alors emparés de ce dernier point pour me jeter en prison. Mais il s’agissait en fait d’un confinement politique, car on voulait m’éloigner de la scène politique durant la période électorale ».
Au vu de la tournure prise par la procédure, l’un des avocats, Me Bourayou, avait expliqué à TSA début juin que son client risquait de rester en détention provisoire pour au moins deux autres années.
Le 16 juin, Ali Ghediri avait adressé une lettre ouverte au président Abdelmadjid Tebboune. « Après une année de détention, l’on est venu me signifier, pour la quatrième fois consécutive, la prorogation, nonobstant la forme, de la durée de ‘‘confinement politique’’ auquel je suis soumis et désigné par euphémisme mandat de dépôt », avait-il écrit.