Ali Ghediri, ex-candidat à l’élection présidentielle avortée du 18 avril, estime que la solution à la crise actuelle doit passer par le dialogue et le compromis.
« Le dialogue, les concessions et le compromis sont les bases de toute politique. La guerre c’est la continuité de la politique par d’autres moyens et la finalité c’est d’arriver à la table des négociations dans d’autres conditions. Donc il faut être fou pour dire non au dialogue. Il faudra des concessions de part et d’autre pour aboutir à une solution médiane », a-t-il suggéré lors de son passage ce lundi 10 juin sur TSA Direct.
Ali Ghediri n’est pas favorable à une période de transition. Il défend l’idée d’aller vers des élections le plus vite possible et laisser le soin au président élu de mener des réformes.
Une vision calquée sur la feuille de route de l’armée ? Le général-major à la retraite s’en défend : « C’est une conviction personnelle. Si elle rejoint le point de vue du commandement de l’armée ou celui de ceux qui défendent cette voie, c’est une bonne chose. Je reste convaincu que le plus court chemin vers la solution c’est qu’il y ait des concessions ».
A propos de la période de transition à laquelle appelle une partie de la classe politique, Ali Ghediri répond : « L’urgence est d’aller vers des élections dans des conditions bien déterminées et permettre aux institutions de fonctionner normalement. La transition, je ne suis ni pour ni contre. Si c’est pour permettre à des forces de se préparer au détriment de la stabilité du pays, c’est une chose et si c’est pour préparer les conditions objectives pour réaliser des élections transparentes, c’en est une autre. Mais si l’objectif de la transition est de changer le système politique, je dirais que c’est de la divagation politique car le changement du système nécessite beaucoup de temps (…) La transition, c’est comment aller au plus vite aux élections pour régler le problème de légitimité ».
L’ex-candidat ajoute, toujours à propos de la transition : « Certains la proposent en une étape, d’autres en deux, on est dans les valses de Strauss. On ne va pas arriver à la valse à mille temps de Jacques Brel. On est entrés dans une forme de surenchère sur les étapes de la transition ». Il n’y a pas de doute, la pique est destinée à son ancien directeur de campagne Mokrane Aït Larbi qui, il y a dix jours, a proposé un plan de sortie de crise en deux étapes.
Néanmoins, la position d’Ali Ghediri ne diffère pas de celle de la rue et de l’opposition sur l’exigence du départ des figures héritées de Bouteflika comme préalable à tout processus de règlement de la crise. « Le peuple n’a pas demandé la lune. Il ne veut pas d’élections avec les symboles du système. Belaïz est parti, mais il reste Bedoui et Bensalah. Le sort de ces personnes est-il plus important que celui de l’Algérie ? S’ils avaient une conscience en tant que responsables et en tant que citoyens algériens, ils auraient démissionné de leur propre gré sans attendre qu’on le leur demande. Des gens se sont sacrifiés pour ce pays, mais ces gens ne peuvent même pas sacrifier le fauteuil. (…) Il faut au moins que Bedoui démissionne, même si l’idéal est que Abdelkader Bensalah parte lui aussi », estime-t-il.
Pour Ali Ghediri, ces responsables se cachent derrière l’armée qu’ils ont propulsée au-devant de la scène. A propos du rôle de l’ANP, il le juge salutaire. « Sans l’armée, les réseaux de l’ancien président seront de retour », assure le général à la retraite.
Sera-t-il candidat à l’élection qu’il appelle à organiser sans tarder ? « Oui, répond-il sans ambages. Je ne me suis pas engagé contre Bouteflika, mais contre le système, et ce système est toujours là. »