La candidature de Bouteflika n’a pas été une surprise pour le FFS. « Je disais en 2006 qu’il était clair qu’ils (le pouvoir) sont tout le temps dans l’alternance clanique », a expliqué, ce dimanche 10 février, Ali Laskari, coordinateur de l’instance présidentielle du parti sur TSA Direct. « Bouteflika, depuis qu’il a été élu en 1999, est là pour un mandat à vie », a-t-il ajouté.
Le FFS ne se fait aucune illusion quant à l’issue de l’élection présidentielle qui sera « verrouillée, fermée, elle ne sera jamais libre, démocratique ou transparente », a insisté M. Laskri pour qui lors du scrutin du 18 avril, « c’est le candidat du système qui va sortir ».
« Ce n’est plus une élection, c’est un scrutin fait d’avance, même ceux qui vont voter vont le faire pour rien. Même les voix qui seront exprimées seront détournées. Il n’y a pas d’élection libre en Algérie, il n’y a qu’une façade faussement démocratique », a constaté Ali Laskri pour qui le système algérien est « une dictature qui est là depuis 1962, un régime autoritaire qui fait tout pour se pérenniser ».
Dans ce contexte, le FFS boycottera activement la prochaine élection présidentielle et compte investir le terrain, « Les conditions ne sont pas réunies, ce n’est ni une élection libre, ni honnête, ni transparente », a justifié M. Laskri. Il a affirmé que la décision du boycott a été prise « après un débat sérieux » au sein de son parti.
Le parti fondé par Hocine Ait Ahmed compte investir le terrain pour « mener une campagne de sensibilisation envers les forces vives et imposer au régime une alternative démocratique et sociale », a affirmé M. Laskri. Ce dernier vise la « fin du système actuel » qui est, selon lui, « antidémocratique, antinational et antisocial ».
Malgré sa détermination affichée à mener « un boycott massif, actif et pacifique », Laskri reconnaît des difficultés à porter ce boycott. « C’est difficile d’avoir des salles, il y a des contraintes », a-t-il souligné.
Le recours à la rue pour mener le boycott n’est pas exclu par le FFS. « Même la rue peut réagir, au FFS, on n’exclut pas la rue mais on fera tout pour que ça soit pacifique », a affirmé Laskri.
Répondant aux mises en garde d’Ouyahia contre le recours à la rue par l’opposition, le responsable du FFS a affirmé que, par son discours, le Premier ministre « confirme la nature dictatoriale, arrogante, autoritaire du régime ». « Demain, si les Algériens veulent se mobiliser, exprimer leurs voix, gagner des espaces, il va les matraquer, les réprimer, voilà ce qu’est Ouyahia. Le message est clair », a-t-il dénoncé.
Conférence nationale
Dans sa lettre-programme publiée ce dimanche, Abdelaziz Bouteflika annonce l’organisation d’une conférence nationale « consacrée à la concrétisation du consensus sur les réformes et les changements que notre pays devra engager ».
Une proposition déjà formulée par le FFS par le passé, a rappelé Ali Laskri. « Nous avons fait des propositions de sortie de crise et la dernière c’était la reconstruction du consensus national pour aller vers une véritable élection présidentielle dans notre pays. Mais on a vu que le système en place n’a rien fait pour changer et a tout fait pour se pérenniser », a-t-il expliqué à ce sujet.
Le FFS a fait une proposition « très sérieuse » pour « la construction du consensus national », a ajouté M. Laskri. Une idée qui avait, selon lui, reçu un accueil favorable, y compris au sein du pouvoir. « Nous étions très ouverts pour aller à la conférence nationale souveraine, il y a eu des signaux, Saidani a délégué deux membres de sa direction pour venir préparer la conférence du consensus national. Il y a eu un ministre qui disait à la radio que le consensus national du FFS est comme le consensus du 1er novembre », a-t-il détaillé.
Le FFS est « toujours demandeur » d’une conférence nationale souveraine, a insisté M. Laskri, expliquant que son parti est « pour un processus constituant » mais à condition qu’elle se fasse dans « une assemblée nationale constituante librement élue par les Algériens » et qu’elle ait pour priorité la construction de « l’État de droit ».
Même si le projet annoncé par Bouteflika et celui du FFS pour une conférence nationale pour un consensus sont proches dans la forme, Ali Laskri a éludé la question de la participation de son parti à une telle conférence.
« Même dernièrement ce qu’ils ont avancé comme projet de conférence national de consensus avec report des élections, c’était pour ça, ça n’a rien à voir avec la vision du FFS », a-t-il argué, sans toutefois rejeter formellement la possibilité d’une participation de son parti à la conférence annoncée par le président.