« Que faire? », lançait Lénine dans son célèbre traité politique de 1901! Joachim Löw doit se poser la même question après la défaite contre le Mexique (0-1)… Le sélectionneur allemand n’a que quelques jours pour réussir sa Révolution russe et transformer une équipe indigente en machine de guerre taillée pour le titre mondial.
« 1-0, c’est encore bien payé », a fustigé lundi l’ex-international Lothar Matthäus, « il y a longtemps que je n’avais pas vu une équipe d’Allemagne aussi faible dans un grand tournoi ».
Une équipe coupée en deux
Le jeune Julian Brandt, entré en fin de match, l’a admis avec candeur: « Nous avons défendu avec deux idées différentes: les uns voulaient presser et les autres voulaient reculer. Ca a créé des espaces immenses dans lesquels les Mexicains ont pu jouer ».
Pour Manuel Neuer, le capitaine, les consignes étaient bonnes, mais n’ont pas été respectées: « L’équilibre est très important pour nous, nous avions discuté de ça, et insisté sur le fait que les différentes parties de l’équipe devaient jouer de façon coordonnée ».
« On ne va pas jeter le bébé avec l’eau du bain », a lancé Löw quelques minutes après la défaite: « Si nous faisons bien ce que nous savons faire, nous marquons des buts. Nous devons nous améliorer mais nous n’allons pas dévier de notre chemin, nous devons retrouver ce qui fait notre force ».
Que faire? Ne pas changer la philosophie de jeu, mais juste la respecter. En communiquant beaucoup plus sur le terrain, comme l’a demandé Jérôme Boateng.
Le ‘cas’ Kimmich
La prestation du jeune défenseur du Bayern Joshua Kimmich dimanche a offert une caricature du déséquilibre de l’équipe. Son apport offensif a été énorme, et aurait pu lui valoir une note excellente en fin de match. Sauf que personne ne l’a vraiment suppléé à l’arrière, et que le but est venu de son côté, où les Mexicains se sont régalés pendant 90 minutes à exploiter les espaces libres.
Que faire? Brider Kimmich, ou améliorer la vitesse de replacement défensif des milieux de terrain. Mais Kroos et Khedira, apparus loin de leur meilleur niveau dimanche, en sont-ils capables?
Sacrifier Özil pour Reus ?
Mesut Özil, censé être le créateur et l’inspirateur en attaque, a fortement déçu. L’entrée de Marco Reus en fin de match a donné un coup d’accélérateur. Beaucoup de commentateurs plaident désormais pour une installation de Reus à la place du joueur d’Arsenal, très critiqué ces derniers mois également dans son club. « Pour moi, il aurait une place de titulaire garantie », grommelle Matthäus. Reus, privé de Mondial-2014 et d’Euro-2016 pour cause de blessures, dispute à 29 ans sa première Coupe du monde, mais passe depuis plusieurs années pour l’un des plus beaux talents du foot allemand.
Que faire? La réponse appartient au sélectionneur, qui a jusqu’à maintenant toujours témoigné une grande fidélité à Özil, même dans les moments difficiles.
Des attaquants muets
Vingt-six tirs dont neuf cadrés, mais trop souvent dans les bras du gardien ou sans conviction ! La Mannschaft sait se créer des occasions, elle ne sait plus les exploiter.
Le jeune avant-centre Timo Werner n’a pas (encore?) explosé au niveau mondial, et Thomas Müller, l’homme aux dix buts en Coupe du monde, a été peu en vue contre le Mexique. Quant à l’expérimenté Mario Gomez, il n’a pas eu le temps de changer le cours du match pendant les dix minutes qu’il a passées sur le terrain.
Que faire? A part rappeler Miroslav Klose, meilleur buteur de tous les temps en Coupe du monde (16 buts), aujourd’hui retraité et co-entraîneur de la Mannschaft, les solutions ne sautent pas aux yeux.