L’allocation chômage, qui a été instaurée en 2022 en Algérie, fait le bonheur des jeunes chômeurs comme en témoigne son succès, mais des entreprises peinent à recruter à cause de ses effets sur le marché de l’emploi.
Des entreprises éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver de la main d’œuvre dont elles ont besoin pour leurs activités à cause de l’allocation chômage.
Saïd Sais, patron de la de Biscuiterie SAI qui commercialise la marque Qaada a contacté TSA pour parler de l’impact de l’allocation chômage sur le marché de l’emploi en Algérie.
Tout en saluant l’institutionnalisation de l’allocation chômage la qualifiant de « démarche positive pour l’insertion professionnelle », Sais Saïd pointe certaines attitudes des bénéficiaires qui profitent de l’existence de failles dans les mécanismes de l’Anem (Agence nationale de l’emploi) pour refuser les sollicitations des entreprises.
Les candidats refusent des postes de travail
« L’idée est de susciter un débat sur les mesures à prendre pour que l’Anem soit en mesure de recenser et distinguer les vrais chômeurs en difficulté des candidats à l’allocation chômage uniquement. Il ne s’agit en aucun cas de remettre en cause l’allocation chômage très utile en temps de crise », a-t-il tenu à préciser d’emblée.
Au sein de la Biscuiterie SAI (Qaada), le changement sur le marché du travail depuis l’instauration de l’allocation chômage a été ressenti de manière concrète par son entreprise.
« Avant l’allocation chômage, il était possible de réunir une quarantaine de dossiers de candidats en quelques jours. Depuis son instauration, ça prend plus de temps. On perd même des candidats qui ont préféré voir ailleurs vu qu’on a perdu trop de temps à réunir l’équipe nécessaire au démarrage d’une unité », explique-t-il.
La procédure veut que l’Anem communique une liste de candidats à l’entreprise demandeuse qui, après avoir contacté les candidats, revient vers l’agence pour faire le point sur les personnes retenues.
Malgré cela, les candidats sont de plus en plus réticents à travailler. Dans certains cas, des candidats utilisent des méthodes peu orthodoxes pour ne pas perdre l’allocation chômage après avoir refusé un travail. Sais Saïd révèle que son directeur des ressources humaines a même été menacé par un candidat.
Pour le patron de la biscuiterie Qaada, l’Anem doit avoir les moyens de contraindre les candidats retenus à travailler. « Il faut revoir les mécanismes et donner des moyens à l’Anem d’étudier au cas par cas les dossiers », a-t-il indiqué.
Faut-il déjà réformer l’allocation chômage ?
La réticence des candidats à répondre aux sollicitations de l’entreprise peut avoir son impact sur le coût du produit, selon Sais Saïd qui donne un cas concret.
« Dans l’impossibilité de trouver des employés à Bordj Bou Ariridj, nous avons dû élargir le champ jusqu’à M’sila en proposant le transport personnel pour une heure de route. Avec le coût de la location du véhicule, le carburant et l’entretien, ces charges vont se répercuter sur le coût du produit et par conséquent sur son prix », détaille-t-il.
Dans certains cas, les candidats ne refusent pas de travailler mais ils exigent de ne pas être déclarés à la sécurité sociale pour continuer à bénéficier des 15 000 dinars de l’allocation chômage.
Les autorités sont tenues de serrer la vis d’autant plus que l’allocation chômage avait pour but de favoriser l’insertion professionnelle alors que parfois c’est plutôt le contraire qui se produit sur le terrain.